Synopsis
« Lorsqu’un Boeing 777 atterrit à l’aéroport new yorkais JFK sans qu’aucun signe de vie n’en émane, Eph Goodweather, un scientifique spécialisé dans les épidémies et les attaques biologiques, est dépêché sur les lieux. A l’intérieur de l’avion, il découvre que tous les passagers sont morts, probablement tués par un étrange virus ou… un monstre non identifié. L’homme fait alors équipe avec un ancien professeur, survivant de l’Holocauste, Abraham Setrakian. Ensemble, ils constituent un petit groupe qui devient rapidement le dernier espoir pour la survie de la race humaine. Des vampires transforment en effet petit à petit la civilisation en un gigantesque buffet. Le sang coule à flots et rien ne semble pouvoir les arrêter… »
Critique
Le simple nom de Guillermo del Toro, brandi en guise de caution artistique, suffit aujourd’hui à attirer le chaland, même si les nombreux projets qui revendiquent la paternité du réalisateur mexicain ont parfois peu de choses en commun. Avec The Strain, adaptation de la trilogie romanesque bien connue des fans de littérature fantastique, FX entendait s’installer comme chaîne de référence et marquer de son empreinte la série de genre, après le succès d’American Horror Story. A cette fin, rien de tel qu’un réalisateur de renom pour bâtir un projet blockbuster et populaire. Cependant, force est de constater que The Strain a très vite été confrontée aux limites du matériau d’origine. Au risque de nous attirer les foudres des fans de La Lignée (titre français des romans), la trilogie, bien que mettant en scène un univers original, souffrait du développement insuffisant des personnages et de la trop grande place accordée aux affres du Dr. Ephraim Goodweather, dont les pensées et actions étaient dictées par un instinct paternel agaçant.
Après une première saison en demi-teinte, marquée par un prologue longuet et rébarbatif, The Strainavait-elle la capacité de redresser la barre et de rendre hommage à l’univers de Del Toro et Chuck Hogan ? La première saison péchait très certainement par une trop grande fidélité à l’œuvre romanesque. Le premier tome de La Lignée est sans conteste le plus lent et le moins abouti. Certes, il est nécessaire de présenter les différents personnages et de faire monter graduellement la tension autour de l’épidémie, mais il est aujourd’hui difficile de maintenir un tel suspense face à des spectateurs rompus aux histoires vampiriques et zombiesques. On avait toutefois des raisons d’espérer, car une fois l’épidémie propagée et révélée au grand jour, les romans basculaient dans l’action. En outre, le teaser de la saison 2 annonçait un profond bouleversement dans un New-York en proie aux flammes et au chaos.
Les créateurs de la série ont su donc rectifier le tir, en prenant notamment de plus en plus de liberté avec l’œuvre d’origine. Les grandes étapes de l’intrigue sont certes respectées, mais de nouveaux personnages font leur apparition et la destinée de certains d’entre eux se trouve infléchie. La première partie de cette saison se focalise sur la volonté d’éradiquer cliniquement l’épidémie en inoculant un virus aux vampires. Ephraim (“Eph” pour les intimes) et Nora parviennent à créer un virus, et Eph part à Washington afin de le produire à grande échelle. Mais son parcours sera semé d’embûches et notre pauvre docteur sera la proie des sombres desseins de la multinationale contrôlée par Eldritch Palmer, bras financier du Master. Cette intrigue, qui ne figure pas les romans, ressemble fort étrangement à un film d’espionnage conspirationniste et trouve difficilement sa place au sein d’une œuvre horrifique. La seconde partie de la saison entre en revanche au cœur du sujet, avec la recherche de l’Occido Lumen, un livre sacré censé détenir le secret de l’éradication des vampires. Une arme à double tranchant pour la ligue des Anciens, qui désirent tout autant se débarrasser de l’infidèle et insurgé Master, que d’assurer leur survie et sécurité. Cette seconde saison laisse donc peu de temps mort et enchaîne les scènes d’action, quitte à perdre parfois en crédibilité.
Malgré cette volonté de relever le rythme, la série affiche encore malheureusement trop de défauts, à commencer par le traitement de certains personnages. Gus, le bad guy bogosse ténébreux est peu crédible dans son rôle d’ancien délinquant en quête de rédemption. Sa rencontre avec une famille tenant un restaurant indien l’est d’autant moins et l’introduction d’Angel de la Plata (The Silver Angel), ancien catcheur et star de nanars mexicains, aura moins d’intensité que dans les romans. Dans la série, Angel est l’homme de main de cette famille et est donc respecté, alors que dans le roman il est traité comme un sous-fifre cantonné aux tâches subalternes les plus dégradantes. Une position qui renforçait le sentiment de déchéance d’un personnage autrefois au firmament de la gloire, avant qu’une blessure au genou ne vienne mettre un terme à sa carrière.
On passera également les nombreuses facilités et incohérences scénaristiques qui gâtent quelque peu la série. Le spectateur sera amené à sourire fréquemment face à l’ingénuité de certaines situations. On citera en exemple cette scène où Setrakian et The Born, nouveau personnage, tombent nez à nez avec le Master alors que le plafond s’écroule soudain entre eux, effondrement provoqué par les explosifs de Vasily qui avait décidément très mal planifié son coup (alors que l’édifice est immense…) !
Visuellement, la série commence à trouver ses marques et a fait de nombreux progrès. On sent toutefois encore un certain tâtonnement dans la représentation des mouvements des vampires, tantôt normaux, tantôt accélérés. Ces essais ne sont pas sans rappeler ceux de True Blood, qui a fait progressivement évoluer ses codes esthétiques au fil des saisons. Parmi les plus belles séquences de cette seconde saison, on soulignera les scènes des VHS désuètes des films mexicains d’Angel, nanars d’antan en noir et blanc parfaitement retranscrits.
Les amateurs de la première saison trouveront certainement leur compte dans cette suite. Les autres regretteront une série quelque peu aseptisée et kitsch par moment. The Strain est une série de second rang dans le paysage audiovisuel actuel qui se laisse toutefois regarder sans trop de déplaisir.
66
10
Note
Informations
The Strain saison 2
Créateurs : Guillermo del Toro, Chuck Hogan
Comédies : Corey Stoll, David Bradley, Kevin Durand…
Genre : Vampires
Pays : Etats-Unis
Format : 43 mn