Au coeur de l'horreur

CÉRÉMONIE D’OUVERTURE : The Mole Song (PIFFF 2014)

C’est ce mardi 18 novembre que s’est ouverte la 4e édition du PIFFF (Paris International Fantastic Film Festival) au Gaumont Opéra, en présence du triumvirat Gérard Cohen, Cyril Despontin et Fausto Fasulo. Comme lors des précédentes éditions, la projection a été précédée de brefs discours introductifs. Dans son allocution inaugurale, le Président Gérard Cohen a rappelé avec force et pertinence que le cinéma de genre peut jouer aujourd’hui un rôle salutaire dans un contexte fortement marqué par l’intolérance et le rejet de l’autre. Une vision que nous partageons, tant les films de genre sont traversés par la problématique de l’altérité. De là à dire qu’Eric Zemmour aurait besoin d’une bonne dose de PIFFF, il n’y a qu’un pas…

Pour cette séance d’ouverture, c’est Takashi Miike qui a les honneurs du Festival avec son film The Mole Song. Comme l’a rappelé Fausto, Le réalisateur japonais demeure très prolifique, à raison de 3 à 4 longs métrages par an. Certains d’entre vous ont d’ailleurs peut-être eu l’occasion de découvrir l’excellent Over your dead body à l’Etrange Festival, l’une des meilleures surprises de cette édition.

Mais avant d’assister à cette exclusivité nationale (le film n’a jamais été diffusé en France), nous avons pu découvrir le court métrage d’animation de Paul E. Cabon, Tempête sur Anorak. Un film au dessin naïf et poétique, à la trame mystique, où deux scientifiques se font prendre dans le tumulte d’une tempête diluvienne. Des personnages se croisent, s’affrontent et s’aiment. Un ovni cinématographique qui ébloui par son originalité graphique et son ton poétique. Une belle entrée en matière pour introduire l’une des dernières œuvres du déjanté Miike

The Mole Song est l’adaptation du manga Mogura no uta, inédit en France. Takashi Miike s’inscrit ainsi dans cette tendance d’adaptations qui abreuvent le cinéma japonais. Cependant, le réalisateur japonais n’en est pas à son coup d’essai et ne peut être taxé d’opportunisme marketing. Il s’est en effet déjà prêté à l’exercice par le passé, avec notamment le jouissif diptyque Crows/Crows Zero.

The Mole Song conte l’histoire de Reiji Kikukawa, agent de police un peu benêt, chargé d’infiltrer et de démanteler un puissant clan yakuza. Afin d’approcher le chef de l’organisation, il devra passer différentes épreuves et se faire intégrer. Mais sa maladresse ne rend pas les choses faciles et la personnalité de Reiji détonne dans un milieu régi par des codes stricts.

Dès les premiers instants, on est saisi par la maîtrise de Takashi Miike, qui nous livre une adaptation fidèle à l’esprit manga. Le réalisateur s’est approprié avec brio les codes visuels et narratifs du genre. Crows Zero et Crows Zero II constituaient déjà une plongée convaincante dans l’univers du shonen bourrin. Mais The Mole Song se veut plus ambitieux et arrive à recréer toute la théâtralité propre au manga. Le jeu volontairement poussif des acteurs reproduit les expressions et simagrées bien typiques des personnages de manga. Le film verse sans aucune retenue dans un humour potache  digne de Great Teacher Onizuka. Le résultat est drôle, souvent savoureux, et bouscule le spectateur  occidental peu habitué à voir de telles adaptations.

The Mole Song

Malgré toutes ses qualités, The Mole Song pêche par son rythme inégal. Le film est long (2h10) et la seconde partie perd en intensité. Par ailleurs, le flot incessant de blagues et autres facéties finit par desservir l’aspect comique du film. The Mole Song n’est donc pas sans reproches et d’aucuns pourraient être rebutés par toute cette théâtralité qui, à la longue, peut finir par lasser. Mais le film a le mérite de nous offrir un spectacle divertissant et de nous interroger sur le travail d’adaptation au cinéma (L’adaptation doit-elle être si fidèle ? Comment transposer au cinéma les codes narratifs et visuels du manga ?). On attend donc avec impatience le prochain film du maître japonais, As the gods will, adaptation du violent et percutant manga Jeux d’enfants. Un manga plus sombre qui devrait déboucher sur une œuvre moins potache.

 

Tetsuo

 

The Mole Song

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