Date de sortie : 30 juillet 2014 (1h34min)
Durée : 1h34min
Réalisateur : Jennifer Kent
Acteurs : Essie Davis, Noah Wiseman, Daniel Henshall …
Genre : Epouvante-horreur
Pays d’origine : Australien
Synopsis :
« Depuis la mort brutale de son mari, Amelia lutte pour ramener à la raison son fils de 6 ans, Samuel, devenu complètement incontrôlable et qu’elle n’arrive pas à aimer. Quand un livre de contes intitulé ‘Mister Babadook’ se retrouve mystérieusement dans leur maison, Samuel est convaincu que le ‘Babadook’ est la créature qui hante ses cauchemars. Ses visions prennent alors une tournure démesurée, il devient de plus en plus imprévisible et violent. Amelia commence peu à peu à sentir une présence malveillante autour d’elle et réalise que les avertissements de Samuel ne sont peut-être pas que des hallucinations… »
Critique :
Grand gagnant du dernier Festival de Gérardmer, où il a tout raflé (prix du jury, prix du jury jeune, prix du public et prix de la critique), The Babadook fait parler de lui à chaque projection et ne laisse personne indifférent. Pour cette avant-première parisienne, le film est présenté par la réalisatrice elle-même, l’australienne Jennifer Kent, qui signe là son premier long métrage. C’est une passionnée du genre qui le considère comme idéal pour traiter de sujets profonds. Des paroles qui prennent tout leur sens à la vision de ce film, tant le sujet est humainement dramatique.
The Babadook nous présente le quotidien d’Amélia, une mère complètement dépressive, hantée par la mort tragique de son mari il y a 7 ans. Elle doit, seule, prendre soin de Samuel, son fils de 6 ans, un garçon hyperactif, totalement épuisant malgré son amour envers sa mère. Une situation qui affecte Amélia dans son rapport avec autrui, que ce soit au travail, où ses absences se font nombreuses, à l’école, où les professeurs sont impuissants face à Samuel, ou même avec sa propre sœur qui ne supporte plus Samuel et finit par fuir tout contact. Amélia ne trouve plus le sommeil et Samuel est hanté toutes les nuits par des cauchemars, persuadé que des monstres sont présents autour de lui. Pour lutter contre ceux-ci, il se fabrique ses propres armes. Son insouciance devient parfois un danger pour autrui. On sent qu’Amélia n’est pas loin d’éprouver de la haine envers son propre fils. Ses journées n’ont plus aucune saveur. Cette dent qui lui fait constamment mal est un symbole de son mal-être omniprésent.
C’est indéniable, l’aspect psychologique des personnages est passionnant et l’interprétation d’Essie Davis dans le rôle de la mère est incroyable. Je serai plus réservé quant à celui de Noah Wiseman, le petit garçon, dont l’amateurisme se ressent selon moi à l’écran.
L’apparition de ce mystérieux livre pour enfant va aggraver la situation. Il nous conte l’histoire de Mister Babadook, sorte de boogeyman à l’apparence humaine, orné d’un long chapeau haute forme, d’un grand imper, et équipé de longues lames au bout des doigts qui ne sont pas sans nous rappeler Edward aux mains d’argent (personnage de Tim Burton qui me faisait déjà très peur étant enfant).
Cette silhouette a de quoi nous effrayer et son arrivée sous forme de conte ajoute une touche mystérieuse. L’ambiance du film est d’ailleurs très bien travaillée. Mister Babadook est rarement présent physiquement devant la caméra. Sa présence se devine, que ce soit par l’ambiance sonore, les silhouettes dessinées par les ombres ou par les manteaux suspendus. Chaque plan est constitué de telle sorte que l’on scrute les moindres recoins pour percevoir le croquemitaine. Ainsi, le film nous plonge dans une constante inquiétude.
La mise en scène se concentre davantage sur les personnages que sur le boogeyman. La terreur en est d’autant plus efficace que la caméra se focalise sur le visage terrifié de notre personnage, fixant alors l’inquiétant Mister Babadook. Les plans subjectifs du croquemitaine sont impressionnants tant notre boogeyman est grand. Sa vue en plongée écrase nos personnages et impose sa vision terrifiante. Une sensation accentuée par de sublimes mouvements de caméra.
La folie croissante de la mère nous renvoie au cultissime Shining même si la réalisatrice met davantage en avant ses références à George Mélies ou Mario Bava.
Malgré ses nombreuses qualités, la tournure que prend le film le rend assez décevant. Certains agissements sombrent dans le grotesque, en particulier lorsque Samuel se défend face à sa mère menaçante. On assiste à une version horrifique de Maman j’ai raté l’avion. Si notre réalisatrice assume sûrement ce côté un poil burlesque, le ressenti est plus proche du ridicule que du sympathique. Notre petite tête blonde est une véritable tête à claques qui n’inspire aucune empathie. L’aspect angoissant s’atténue doucement pour disparaître totalement. Bien que l’on comprenne le symbole que représente Mister Babadook, le dénouement du film nous laisse perplexe. Petit bémol aussi pour les personnages secondaires que notre réalisatrice utilise comme un simple outil narratif sans aucune consistance.
Il faut tout de même reconnaître que The Babadook est un film atypique qui se démarque de ce qu’on a l’habitude de voir par son ambiance si singulière. Et même si j’émets quelques réserves et ne peux être aussi élogieux que la plupart des critiques, je ne peux que saluer la qualité de ce premier long métrage signé Jennifer Kent (que l’on suivra de prêt).
BAAABAAA DOOK… DOOK… DOOK…
Krueger
Note : 6/10
2 commentaires
J’ai vu la bande annonce et honnêtement elle ne me donne pas vraiment envie de voir le film… 🙁
Par contre, je suis fan de l’affiche : simple mais efficace…
A bientôt
Je l’ai vu, j’ai aimé sauf la fin un peu .. inhabituelle. Mais le film en lui même est très bien. je n’ai pas été déçu en revanche de la scène ou le gamin (vraiment à claquer) se défend contre sa mère.