Synopsis
Le sud des États-Unis, une route poussiéreuse, cinq histoires cauchemardesques aux liens secrets.
Critique
On l’a souvent répété, et force est de constater que le phénomène perdure, les films à sketchs n’arrêtent pas de se multiplier dans le cinéma d’horreur. Un phénomène que l’on ne critiquera pas tant la qualité est souvent au rendez-vous. De The ABC of Death à VHS en passant par The Theatre Bizarre, nombre de réalisateurs sont parvenus à nous proposer des belles surprises horrifiques. Et même si ce type de films souffres régulièrement de segments inégaux, l’ensemble est suffisamment divertissant pour qu’on en redemande. Pour Southbound, film hors compétition de cette dernière journée du PIFFF, on retrouve les auteurs de VHS, Roxanne Benjamin, David Bruckner et Radio Silence, accompagnés de Patrick Horvath. Et rassurez-vous, cette fois-ci, on oublie le found footage pour se concentrer sur une mise en scène classique et bien maîtrisée. Southbound est une étonnante surprise, un film quasi parfait tant d’un point vue narratif, que dans les univers développés et la réalisation.
Cinq segments différents se situant dans le sud des Etats-Unis, dans un endroit désertique aux routes poussiéreuses. Mais au lieu de nous aligner les segments à la suite comme de simples courts-métrages,Southbound parvient habillement à créer des liens de transition entre chaque film. Une narration réellement maîtrisée qui apporte une fluidité agréable à l’ensemble. De plus, le dernier segment vient clôturer la boucle en faisant le rapprochement avec le premier film. On sent que la narration deSouthband à été mûrement réfléchie et s’est imposée une certaine cohérence. Une cohérence que l’on retrouve également dans l’homogénéité de l’image sur l’ensemble des films. Un parti pris que l’on a pu également retrouver dans Tales of Halloween qui se traduisait non seulement par le traitement d’un même thème, mais également par une même identité visuelle en termes de couleur.
Le premier segment nous présente deux hommes poursuivis par des créatures étranges aux allures d’extraterrestres. S’ensuit une course-poursuite acharnée sur cette route désertique qui ne semble avoir aucune issue. Seule une station-service leur sert de repère, sur laquelle ils retombent indéfiniment malgré les kilomètres roulés. Une boucle infernale qui ne leur laissera d’autres choix que d’affronter ces Aliens de front. Ce premier segment est intrigant et se conclut sur un meurtre choquant et surprenant. Une mise en bouche savoureuse.
On poursuit avec le deuxième segment où l’on suit trois amies qui tombent en panne sur cette même route désertique. Par chance, celles-ci sont secourues par une famille chaleureuse et accueillante qui leur proposera de passer la nuit chez elle en attendant de réparer leur véhicule. Évidemment, cette famille est loin d’être idyllique et une véritable menace plane au-dessus de nos trois amies. Même si certains segments peuvent paraître beaucoup plus classiques, ceux-ci parviennent tout de même à nous surprendre et surtout à instaurer une ambiance réellement angoissante. C’est le cas de ce segment à l’intrigue de plus en plus surprenante.
La transition avec ce troisième segment est tout simplement parfaite. L’une des trois amies que nous avons suivie précédemment se fait renverser par une voiture en pleine nuit. Le conducteur est incapable de se situer pour donner ses coordonnées aux urgences. Il va devoir suivre les indications que la femme des urgences lui transmet au téléphone. Ce segment est le plus palpitant du lot. Le rythme est soutenu, le suspense est insoutenable du début à la fin et l’interprétation du comédien est excellente.
Le quatrième segment nous donne l’impression de plonger dans l’esprit de Robert Rodriguez, dans un style un peu plus sombre. Un vieil homme débarque dans un bar armé d’un fusil à pompe à la recherche de sa fille. Mais les clients de ce bar s’avèrent être des bêtes féroces, tels des loups-garous, et ne semblent pas être très serviables. Une ambiance qui nous rappelle légèrement celle d’Une Nuit en Enfer. On s’attache à ce vieil homme qui nous impressionne par sa détermination et son esprit de survie.
Le dernier segment est un home invasion incroyablement efficace. Encore une fois, le schéma est classique, mais la réalisation et l’ambiance qu’arrive à instaurer le réalisateur sont parfaites. Un home invasion totalement étouffant où l’objectif des agresseurs restera flou. Mais la victime, elle, semble savoir pour quelles raisons elle se fait attaquer et exprime sa culpabilité. Une situation qui permettra aux spectateurs de changer de point de vue et ainsi de suivre celui des bourreaux afin de revenir au début du premier segment. La boucle est bouclée.
L’ensemble du film puise son inspiration dans l’univers de la Quatrième Dimension. Southbound est un excellent film d’horreur qui a su renouveler le film à sketchs en nous proposant une narration originale et fluide. Chaque segment est réussi et nous immerge dans des histoires toutes aussi palpitantes les unes que les autres.
88
10
NOTE
Informations
Southbound
Titre original : Southbound
Réalisation : Roxanne Benjamin, David Bruckner, Patrick Horvath, Radio Silence
Scénario : Roxanne Benjamin, Matt Bettinelli-Olpin, David Bruckner, Susan Burke
Casting : Kate Beahan, Matt Bettinelli-Olpin, Dana Gould…
Pays d’origine : Etats-Unis
Genre : Anthologie horrifique
Durée : 89 minutes
Date de sortie : 22 février 2017 (VOD)