Synopsis
Alors qu’il reprend son enquête inachevée sur les homicides non résolus, l’ex-shérif adjoint fait la connaissance d’une jeune mère de famille et de ses jumeaux. Ces derniers viennent de s’installer dans une maison où des événements macabres se sont produits. Tout porte à croire qu’il s’agit une nouvelle fois de la même entité surnaturelle et que la famille est en danger…
Critique
Sinister fait partie de ces productions Blumhouse qui ont réussi à être un véritable succès, aussi bien commercial que critique. Le film était réalisé par Scott Derrickson et mettait en vedette l’excellent Ethan Hawke dans la peau d’un écrivain frustré, spécialisé dans les enquêtes meurtrières, et ayant connu un succès considérable dans sa jeune carrière. Ce modeste film d’horreur parvenait à la fois à nous plonger dans l’intimité des personnages de façon touchante et à développer une ambiance oppressante et terriblement efficace (les quelques jump-scares ont marqué de nombreux spectateurs. Comment oublier par exemple le coup de la tondeuse à gazon ?). L’annonce d’une suite avait de quoi inquiéter. On redoute en effet toujours chez Jason Blum la volonté de surfer sur le succès (et s’en foutre plein les poches) en créant une franchise purement marketing. En apprenant la présence de Ciarán Foy derrière la caméra, réalisateur prometteur et auteur de l’honorable Citadel (film adulé par la critique malgré une image sur la banlieue assez dérangeante), on pouvait espérer un film de qualité. Attention suspense… Et non, c’est mauvais ! (ça c’est de la critique mon gars !).
Pourtant, certains aspects de Sinister 2 ne sont pas inintéressants. Comme on pouvait l’imaginer, en termes de mise en scène, Ciarán Foy s’en sort assez bien. À l’image du premier film, les quelques jump-scares sont efficaces. On trouve de bonnes idées pour susciter l’angoisse, comme la séquence dans l’église abandonnée ou notre policier aperçoit des silhouettes quasi-transparentes avec sa lampe torche, et qui disparaissent lorsque celui-ci ne les éclaire plus. De plus, les meurtres que l’on aperçoit via les séquences tournées en 8mm sont toujours aussi dérangeantes. L’attaque des crocodiles ou encore la torture avec les rats ont de quoi nous surprendre et nous écoeurer. D’ailleurs, la caméra 8mm prend davantage d’ampleur et devient le point de vue du tueur lors de la dernière séquence. Un parti-pris qui offre des possibilités de mise en scène intéressantes. Malheureusement, ces séquences ne représentent qu’une infime partie du film, et sont tout de même moins percutantes que dans le premier film. Peut-être, tout simplement, que l’effet de surprise n’existe plus et que cette suite ne se démarque pas assez de son prédécesseur.
En ce qui concerne les personnages, on est agréablement surpris de retrouver notre flic qui avait enquêté avec Ethan Hawke. Un personnage qui a gardé toute sa saveur. Il est toujours aussi attachant avec son côté maladroit, un peu pataud, attentionné et protecteur. Ses réactions ont souvent tendance à nous faire sourire et son caractère, marqué par un manque d’assurance, est appréciable. Sa relation avec Courtney Collins (interprétée par Shannyn Sossamon) est crédible et touchante. C’est du côté des enfants que le film perd toute crédibilité. Non seulement leurs personnages sont totalement binaires (l’un est gentil, l’autre est méchant, point barre !) mais l’interprétation laisse à désirer. Et que dire du personnage du père violent, qui frôle le ridicule tant celui-ci sombre dans la caricature.
Mais c’est surtout du côté du scénario que le film s’avère catastrophique. Ciarán Foy s’évertue à reprendre exactement le même principe que le premier film en cherchant constamment à tout expliquer. Là ou Sinister gardait une part de mystère, cette suite est beaucoup trop explicite et s’engouffre dans des explications calamiteuses qui révèlent les faiblesses et les incohérences du scénario. Le film nous prive de toute découverte et de tout suspense, exploitant l’aspect surnaturel de façon beaucoup trop rationnelle. Ainsi, les enfants fantômes ne sont plus sources d’angoisse et deviennent des personnages à part entière, dont les apparitions n’ont plus rien d’effrayantes et servent seulement à exposer les grandes lignes de l’histoire. De même pour ce Boogeyman, Bagul, croisement improbable entre un physique de rugbyman et celui Michael Jackson (c’est peut-être pour ça qu’il est entouré d’enfants…), qui finit par perdre toute aura maléfique.
Au final, Siniter 2 pêche principalement par son scénario. Les quelques séquences réussies ne suffiront pas à sauver ce film qui aurait mérité un traitement plus approfondi. Ciarán Foy tente faire bonne figure en énumérant tout le fonctionnement de la malédiction, au risque de perdre toute crédibilité. Seulement, la qualité d’un film tel que Sinister reposait justement sur son atmosphère mystérieuse et ses révélations au compte-gouttes. Cette suite prend un parti-pris totalement opposé et appauvri toute la dimension énigmatique et surnaturelle de l’histoire.
44
10
NOTE
Informations
Sinister 2
Titre original : Sinister 2
Réalisation : Ciarán Foy
Scénario : Scott Derrickson, C. Robert Cargill
Casting : James Ransone, Shannyn Sossamon, Robert Sloan…
Pays d’origine : Etats-Unis
Genre : Film de possession
Durée : 97 minutes
Date de sortie : 19 août 2015