Au coeur de l'horreur

Alleluia

Synopsis :

« Manipulée par un mari amoureux et jaloux, Gloria s’est sauvée avec sa fille et a refait sa vie loin des hommes et du monde. Poussée par son amie Madeleine, elle accepte de rencontrer Michel via un site de rencontre. La première fois qu’ils se voient, il se passe quelque chose. Michel, le petit escroc bas de gamme (profession gigolo), est troublé, et Gloria tombe éperdument amoureuse.
Par peur, Michel se sauve mais Gloria va le retrouver et lui faire promettre de ne plus jamais la quitter. Elle est prête à tout pour sauvegarder cet amour. Elle abandonne son enfant et se fera passer pour la sœur de Michel afin que celui-ci puisse continuer ses petites arnaques « à la veuve ».
Mais la jalousie rend Gloria folle et elle tue Marguerite, une de ces veuves. Michel est sous le choc mais les amants restent attachés par un lien puissant. Ils vont continuer leur route sordide. Au-delà du pacte morbide qui les lie, Michel trouve en Gloria une sorte de figure maternelle dont il a toujours été privé et pour Gloria, Michel représente une image d’amour absolu dans une vie qu’elle croyait éteinte. (…) » (alleluia-lefilm.com)

Alleluia critique :

Après une incursion récente dans le polar grand public (Colt 45), Fabrice du Welz renoue avec le genre horrifique en signant Alléluia, qui a reçu un accueil favorable à la Quinzaine des Réalisateurs 2014. Six ans après le controversé Vinyan, Alléluia était particulièrement attendu et constituait un moment fort du PIFFF (paris international fantastic film festival). En effet, pour les amoureux du genre, Calvaire fait désormais figure d’œuvre culte dans la production horrifique francophone. L’enjeu était donc de taille pour le réalisateur belge, d’autant plus que la présence au casting de Laurent Lucas ne pouvait manquer d’évoquer son chef d’œuvre. C’est donc avec une excitation mêlée d’appréhension que nous avons assisté à la projection d’Alleluia.

Pour son dernier film, Fabrice du Welz s’inspire librement d’un fait divers survenu à la fin des années 40 aux Etats-Unis, celui d’un couple connu sous le nom des « Lonely Hearts Killers » (« les Tueurs aux petites annonces »), qui aurait assassiné une vingtaine de femmes. Si l’histoire de Martha Beck et Raymond Fernandez constitue le point de départ de l’intrigue d’Alléluia, Fabrice du Welz prend toutefois rapidement ses distances avec l’histoire originelle en l’ancrant dans le terroir ardennais et en modifiant le rapport de force entre les protagonistes. Le séducteur-arnaqueur Michel, magistralement interprété par Laurent Lucas, sera en effet progressivement dépassé par la personnalité psychotique et la violence de sa compagne Gloria.

Alléluia se démarque du premier long métrage du réalisateur belge par son ton. Alors que Calvaire instaurait un profond malaise chez le spectateur (dès la première scène avec la chanson interprétée par Laurent Lucas dans un hospice), Alléluia se veut plus léger et adopte très rapidement un ton humoristique, voire potache. L’enjôleur Michel n’hésite pas à user de tous les artifices et ruses pour séduire les veuves à la recherche de l’amour, provoquant ainsi des situations grotesques et absurdes (comme dans l’église où il se fait passer pour un missionnaire installé en Afrique et victime de la guerre civile). Les répliques, portées par d’excellents acteurs et particulièrement bien écrites, font souvent mouche. De ce côté-là, le pari est réussi pour Fabrice du Welz : le film est drôle, assume le second degré, et parvient à alterner efficacement des saynètes humoristiques et sanglantes.

Alléluia est par ailleurs servi par une réalisation impeccable qui prouve une fois de plus tout le talent et la maîtrise visuelle du réalisateur belge. Faite principalement de plans serrés sur les protagonistes, la réalisation renforce la sensation d’isolement des personnages et parvient à faire suffoquer le spectateur. Les teintes sont froides et crues, et seule une lueur rouge intense vient parfois briser cette froideur chromatique. Réservée aux protagonistes, elle symbolise tout autant leur passion sanglante et dévorante que le danger qui pèse sur eux. Fabrice du Welz apporte également un soin tout particulier à la bande sonore en jouant sur l’amplification et la distorsion des sons, notamment pour recréer la perception de Gloria qui, peu à peu, sombre dans une spirale psychotique (la scène de la fellation dans la cave est à cet égard exemplaire, amplifiant le son guttural et provoquant à la fois amusement, malaise, voire dégoût chez le spectateur).
Alléluia côtoie les différents registres pour susciter des sensations variées. C’est sûrement la principale caractéristique du film : le réalisateur belge se permet tout, n’hésitant pas à mélanger les genres à sa guise, passant d’une saynète musicale à un effet gore en quelques secondes. Si ce mélange des genres témoigne de la virtuosité du réalisateur, il constitue paradoxalement la principale faiblesse du film. Fabrice du Welz peine en effet à trouver l’équilibre entre ces différents tons, si bien que l’humour finit par prendre le dessus et éclipse la profondeur psychologique de la relation entre Michel et Gloria. Fabrice du Welz ajoute certes des éléments dramatiques au dernier acte qui mettent fin aux situations grotesques des actes précédents (la victime, interprétée par Héléna Noguerra, est une jolie femme qui vit seule avec sa fille), mais cette dernière partie parvient difficilement à plonger le spectateur dans la spirale psychotique de Gloria. L’évolution psychologique de la protagoniste est en effet trop esquissée et rapide.

Si Calvaire se caractérisait par une montée progressive en tension débouchant sur la folie, telle une bombe à retardement, Alléluia plonge dès le premier acte dans la folie meurtrière. L’enjeu de chaque acte est donc centré sur les réactions de Gloria et la capacité de Michel de réfréner sa jalousie meurtrière. Cette structure redondante renforce l’impasse dans laquelle se trouve Michel, mais a l’inconvénient d’être trop répétitive, chaque acte suivant un schéma similaire.

Synopsis : « Manipulée par un mari amoureux et jaloux, Gloria s’est sauvée avec sa fille et a refait sa vie loin des hommes et du monde. Poussée par son amie Madeleine, elle accepte de rencontrer Michel via un site de rencontre. La première fois qu’ils se voient, il se passe quelque chose. Michel, le petit escroc bas de gamme (profession gigolo), est troublé, et Gloria tombe éperdument amoureuse. Par peur, Michel se sauve mais Gloria va le retrouver et lui faire promettre de ne plus jamais la quitter. Elle est prête à tout pour sauvegarder cet amour. Elle abandonne son enfant et se fera passer pour la sœur de Michel afin que celui-ci puisse continuer ses petites arnaques « à la veuve ». Mais la jalousie rend Gloria folle et elle tue Marguerite, une de ces veuves. Michel est sous le choc mais les amants restent attachés par un lien puissant. Ils vont continuer leur route sordide. Au-delà du pacte morbide qui les lie, Michel trouve en Gloria une sorte de figure maternelle dont il a toujours été privé et pour Gloria, Michel représente une image d’amour absolu dans une vie qu’elle croyait éteinte. (…) » (alleluia-lefilm.com) Alleluia critique : Après une incursion récente dans le polar grand public (Colt 45), Fabrice du Welz renoue avec le genre horrifique en signant Alléluia, qui a reçu un accueil favorable à la Quinzaine des Réalisateurs 2014. Six ans après le controversé Vinyan, Alléluia était particulièrement attendu et constituait un moment fort du PIFFF (paris international fantastic film festival). En effet, pour les amoureux du genre, Calvaire fait désormais figure d’œuvre culte dans la production horrifique francophone. L’enjeu était donc de taille pour le réalisateur belge, d’autant plus que la présence au casting de Laurent Lucas ne pouvait manquer d’évoquer son chef d’œuvre. C’est donc avec une excitation mêlée d’appréhension que nous avons assisté à la projection d’Alleluia. Pour son dernier film, Fabrice du Welz s’inspire librement d’un fait divers survenu à la fin des années 40 aux Etats-Unis, celui d’un couple connu sous le nom des « Lonely Hearts Killers » (« les Tueurs aux petites annonces »), qui aurait assassiné une vingtaine de femmes. Si l’histoire de Martha Beck et Raymond Fernandez constitue le point de départ de l’intrigue d’Alléluia, Fabrice du Welz prend toutefois rapidement ses distances avec l’histoire originelle en l’ancrant dans le terroir ardennais et en modifiant le rapport de force entre les protagonistes. Le séducteur-arnaqueur Michel, magistralement interprété par Laurent Lucas, sera en effet progressivement dépassé par la personnalité psychotique et la violence de sa compagne Gloria. Alléluia se démarque du premier long métrage du réalisateur belge par son ton. Alors que Calvaire instaurait un profond malaise chez le spectateur (dès la première scène avec la chanson interprétée par Laurent Lucas dans un hospice), Alléluia se veut plus léger et adopte très rapidement un ton humoristique, voire potache. L’enjôleur Michel n’hésite pas à user de tous les artifices et ruses pour séduire les veuves à la…

7

10

NOTE

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7


 

Réalisateur : Fabrice du Welz

Production : Panique, Radar Films, Savage Film, One Eyed, Versus

Scénario : Fabrice du Welz, Vincent Tavier

Acteurs : Lola Dueñas, Laurent Lucas, Héléna Noguerra

Pays d’origine : Belgique, France

Genre : Horreur

Durée : 90 min

Alleluia critique

 

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