Au coeur de l'horreur

Open Windows (Étrange Festival)

Synopsis :  À la suite d’un concours, Nick gagne un dîner avec Jill Goddard, son actrice favorite. Mais celle-ci refuse, à la suite de quoi Chord, manager de la diva, permet à Nick de surveiller en permanence son idole par ordinateur…

 

Critique :

La projection d’Open Windows, ce mercredi 10 septembre, est arrivée à point nommé. En effet, le film a été projeté quelques jours après l’annonce du piratage des comptes iCloud d’une dizaine de stars. Bien entendu, le hacker ne s’est pas contenté de s’autosatisfaire de sa prouesse technique mais a décidé de faire partager au monde entier les informations volées, à savoir des photos intimes  de ces stars (non, non je ne vous donnerai pas de liens…). Rien ne pouvait mieux convenir dans l’actualité que ce séisme voyeuriste qui a secoué la planète people (pour parler comme Voici et Closer).

Open Windows met précisément en scène cette problématique et aborde une thématique chère à Brian de Palma et Alfred Hitchcock, celle du regard voyeuriste. Le dernier film de Nacho Vigalondo se veut en effet une adaptation libre de Fenêtre sur cour, notamment par l’intermédiaire d’un personnage (ici Elijah Wood) qui assiste impuissant, et de manière indirecte (à travers l’écran d’ordinateur), à des sévices commis sur une personne (son actrice favorite, interprétée par Shasha Grey). Mais le réalisateur espagnol remet au goût du jour cette problématique voyeuriste en jouant sur la multiplicité des écrans et en interrogeant l’intentionnalité de l’internaute à travers le personnage d’Elijah Wood (n’y a-t-il pas derrière la respectabilité affichée du fan, des intentions voyeuristes non avouées ?)

Open Windows

Open Windows est donc un film concept qui se lance pour défi de ne filmer qu’à travers des écrans technologiques (ordinateurs, smartphones, caméras de surveillance…). Un concept séduisant et très bien réalisé, qui rend compte avec justesse de l’omniprésence des écrans dans notre environnement quotidien. Une « écranosphère » (pour reprendre l’expression de Gilles Lipovetsky et Jean Serroy) qui décuple les possibilités de surveillance et qui constituent un nouvel eldorado pour les voyeuristes en herbe. Le titre du film est à cet égard évocateur, désignant ces nouvelles fenêtres qui s’ouvrent sur la réalité et dont on accède d’un simple clic sur son ordinateur (oui oui, vous savez, ces fameuses fenêtres graphiques qui ont donné le nom au système d’exploitation que vous connaissez tous). Cependant, malgré un concept prometteur, Open Windows dévoile rapidement ses faiblesses et s’embourbe dans une trame scénaristique dénuée d’inspiration. L’intrigue repose sur un twist improbable dont la seule fonction est de créer un effet de surprise (aussi ridicule soit-il).

En outre, le film n’échappe pas au fantasme que l’on retrouve dans bien des œuvres traitant des nouvelles technologies : celui d’un individu capable de contrôler tous les terminaux, même Internet. Si cet aspect Big Brother est toléré au début du film (certains chipoteront quand même en voyant avec quelle facilité et rapidité le hacker accède aux caméras de surveillance de l’hôtel ou au smartphone de la star), il devient toutefois grotesque quand le hacker lance un mega virus qui paralyse Internet en quelques heures (le film nous expliquant que c’est grâce à la taille de ses serveurs, uniques au monde). Pour faire simple, le hacker est mieux équipé que toutes les multinationales et start-up réunies de la Silicon Valley… Mais c’est surtout la « leçon morale » du film, accusant l’internaute de se repaître de vidéos malsaines, qui fait d’Open Windows un film sans nuance et superficiel.

Open Windows

Malgré tous ces défauts, Open Windows s’efforce de briser le caractère parfois trop lisse de son protagoniste. En témoigne cette scène, l’une des meilleures du film, où le hacker oblige Elijah Wood à dénuder Sasha Grey. Ce qui constitue la force de cette séquence, c’est que le hacker ne formule pas explicitement ses ordres (dénuder l’actrice), mais va faire émerger petit à petit (sous l’effet de la menace) le fantasme inavoué d’Elijah Wood, celui de voir son actrice favorite nue. Ce fantasme transparaît dès les premières minutes du film quand Elijah Wood (qui tient un blog de photos de l’actrice) prend des captures d’écran de Sasha Grey lors d’une présentation en avant-première de son dernier film, n’hésitant pas s’attarder sur son décolleté. Cette scène, qui introduit une ambiguïté dans la psychologie du personnage, renforce toutefois la portée morale du film selon laquelle tout internaute, aussi respectable soit-il (à l’image d’un Elijah Wood respectueux de son idole) cache en réalité des intentions malsaines. Pour appuyer sa démonstration, Nacho Vigalondo joue sur l’identification avec le personnage et place le spectateur dans la position de voyeuriste. En effet, n’est-on pas honteusement désireux, à l’instar d’Elijah Wood, de voir l’actrice nue (ceux qui répondent « non » devant leur écran mentent !) ? Ce désir n’est-il pas attisé par le fait que Sasha Grey refuse ici de montrer ce qu’elle dévoilait auparavant (dans sa carrière d’actrice pornographique) ?

L’inconvénient avec des films tels qu’Open Windows, c’est qu’il concrétise nos appréhensions initiales. En effet, passé l’effet de séduction du concept, le film perd rapidement sa boussole et ne semble plus rien avoir à nous offrir. Il est regrettable que la majorité des films traitant des nouvelles technologies se bornent à une critique simpliste et univoque. Simple réaction conservatrice de la part d’un art noble et installé à l’égard d’un média naissant qui voit émerger ses premières œuvres ?

Synopsis :  À la suite d’un concours, Nick gagne un dîner avec Jill Goddard, son actrice favorite. Mais celle-ci refuse, à la suite de quoi Chord, manager de la diva, permet à Nick de surveiller en permanence son idole par ordinateur…   Critique : La projection d’Open Windows, ce mercredi 10 septembre, est arrivée à point nommé. En effet, le film a été projeté quelques jours après l’annonce du piratage des comptes iCloud d’une dizaine de stars. Bien entendu, le hacker ne s’est pas contenté de s’autosatisfaire de sa prouesse technique mais a décidé de faire partager au monde entier les informations volées, à savoir des photos intimes  de ces stars (non, non je ne vous donnerai pas de liens…). Rien ne pouvait mieux convenir dans l’actualité que ce séisme voyeuriste qui a secoué la planète people (pour parler comme Voici et Closer). Open Windows met précisément en scène cette problématique et aborde une thématique chère à Brian de Palma et Alfred Hitchcock, celle du regard voyeuriste. Le dernier film de Nacho Vigalondo se veut en effet une adaptation libre de Fenêtre sur cour, notamment par l’intermédiaire d’un personnage (ici Elijah Wood) qui assiste impuissant, et de manière indirecte (à travers l’écran d’ordinateur), à des sévices commis sur une personne (son actrice favorite, interprétée par Shasha Grey). Mais le réalisateur espagnol remet au goût du jour cette problématique voyeuriste en jouant sur la multiplicité des écrans et en interrogeant l’intentionnalité de l’internaute à travers le personnage d’Elijah Wood (n’y a-t-il pas derrière la respectabilité affichée du fan, des intentions voyeuristes non avouées ?) Open Windows est donc un film concept qui se lance pour défi de ne filmer qu’à travers des écrans technologiques (ordinateurs, smartphones, caméras de surveillance…). Un concept séduisant et très bien réalisé, qui rend compte avec justesse de l’omniprésence des écrans dans notre environnement quotidien. Une « écranosphère » (pour reprendre l’expression de Gilles Lipovetsky et Jean Serroy) qui décuple les possibilités de surveillance et qui constituent un nouvel eldorado pour les voyeuristes en herbe. Le titre du film est à cet égard évocateur, désignant ces nouvelles fenêtres qui s’ouvrent sur la réalité et dont on accède d’un simple clic sur son ordinateur (oui oui, vous savez, ces fameuses fenêtres graphiques qui ont donné le nom au système d’exploitation que vous connaissez tous). Cependant, malgré un concept prometteur, Open Windows dévoile rapidement ses faiblesses et s’embourbe dans une trame scénaristique dénuée d’inspiration. L’intrigue repose sur un twist improbable dont la seule fonction est de créer un effet de surprise (aussi ridicule soit-il). En outre, le film n’échappe pas au fantasme que l’on retrouve dans bien des œuvres traitant des nouvelles technologies : celui d’un individu capable de contrôler tous les terminaux, même Internet. Si cet aspect Big Brother est toléré au début du film (certains chipoteront quand même en voyant avec quelle facilité et rapidité le hacker accède aux caméras de surveillance de l’hôtel ou au smartphone de la star), il devient toutefois grotesque quand le hacker lance un mega virus…

5

10

NOTE

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Note des internautes : Soyez le premier à voter !
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Date de sortie : 2 octobre en VOD (USA)

Réalisateur : Nacho Vigalondo

Autres films du réalisateur : Timecrimes

Acteurs : Sasha Grey, Elijah Wood, Neil Maskell…

Genre : Thriller, horreur

Pays d’origine : Espagnol , français , américain

 

Open Windows

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