Le lundi 26 octobre, nous avons eu la chance d’assister à la projection du film Night Fare, réalisé par Julien Seri. Un modeste film de genre que le réalisateur a mis sur pied à l’aide de ses deux amis, Pascal Sid et Paul Mignot, les coproducteurs. L’idée de Night Fare est apparue lors d’une période difficile pour le réalisateur. En effet, Julien Seri n’est pas un inconnu du cinéma français et a déjà signé trois autres longs métrages, dont Yamakasi et surtout Scorpion. Et pourtant, il aura fallu huit ans pour que Julien Seri puisse réaliser un nouveau film. Huit années où le réalisateur a pourtant développé six films différents qui n’ont malheureusement jamais abouti. Night Fare est un film produit et tourné à vitesse grand V, financé par des investisseurs privés, et donnant l’occasion à Julien Seri de retourner derrière la caméra et de s’exprimer librement. Le genre de projet porté à bout de bras par des passionnés et qui, malgré les contraintes économiques, laisse place à une liberté créative appréciable et s’éloigne des carcans des grosses productions.
C’est dans une ambiance très amicale, mêlant techniciens et donateurs ulule, que s’est déroulée la projection du film. Le réalisateur et les comédiens nous ont fait l’honneur de nous présenter le film et dans chaque intervention se dégageait une passion et une complicité touchante.
Vous pourrez découvrir Night Fare au cinéma à partir du 13 janvier 2016.
Synopsis :
“Luc et Chris, son ami anglais, montent dans un taxi pour rentrer chez eux après une soi- rée parisienne bien arrosée. Arrivés à destination, ils s’enfuient sans payer la course. Ils sont tombés sur le mauvais chauffeur… Le taxi va se mettre en chasse toute la nuit. Mais, est-ce vraiment l’argent qu’il veut ?”
Julien Seri est un passionné de films d’action et d’arts martiaux, et Night Fare ne fait pas exception à la règle. Seulement, le film aborde également le cinéma d’horreur, et en particulier le genre du slasher. Le chauffeur de taxi se lance dans une poursuite infernale pour attraper nos deux personnages, Luc et Chris. L’homme est une force de la nature et exécute de sang-froid toutes personnes se mettant en travers de son chemin. Un meurtrier mystérieux qui n’est pas sans nous rappeler des célèbres tueurs tels que Michael Myers ou Jason. Ce dernier est d’ailleurs cité par l’un des personnages pour décrire ce chauffeur de taxi.
L’idée du film est assez originale et nous offre un divertissement agréable. Faire d’un chauffeur de taxi un tueur sanguinaire qui poursuit deux jeunes ayant refusé de payer, offre beaucoup de possibilités scénaristiques. De plus, le fait d’intégrer l’action lors d’une seule nuit accentue le réalisme et l’angoisse éprouvée par les personnages. Des personnages qui sont d’ailleurs plutôt bien développés et dont la relation, qui se définit par un trio amoureux, est touchante.
Cependant, malgré l’hommage appréciable aux slashers, le film ne fait qu’accentuer les défauts propre au genre. En effet, dans la plupart des slashers, le tueur donne la sensation d’avoir la faculté de se téléporter pour mieux surprendre nos personnages. Un manque de crédibilité souvent agaçant, et qui s’avère d’autant plus ridicule quand il s’agit d’un homme à l’intérieur d’un taxi. La facilité de notre tueur à retrouver sans cesse les deux personnages et à les rattraper en voiture, alors qu’eux sont à pied, est difficilement plausible.
Un défaut qui n’empêche en rien d’apprécier le film à sa juste valeur et de se laisser entraîner par cette situation extrême. Night Fare fait parfois preuve d’un humour rafraîchissant. En particulier lors de la scène où l’on découvre pour la première fois la patrouille de police ou encore la séquence dans l’appartement d’un dealer.
Malgré une mise en scène soignée, Julien Seri use à outrance d’effets esthétiques souvent inutiles (beaucoup de ralentis) et d’effets parfois un peu kitschs, comme l’apparition du feu sur l’écran lorsque Luc et Chris sortent d’un tunnel. Et même si cet effet prend du sens par la suite, il n’en reste pas moins facile et de mauvais goût.
Mais le plus dérangeant est le troisième acte du film, totalement décousu et tiré par les cheveux. Sans entrer dans les détails (pour ne pas spoiler), la fin du film s’embourbe dans des explications navrantes auxquelles on n’adhère pas une seconde. De plus, elle offre une vision de la culpabilité et de la rédemption assez facile, mais surtout, une vision de la justice totalement galvaudée, voir presque fasciste.
La volonté de surprendre le spectateur est honorable, mais on aurait souhaité que Night Fare se contente d’un schéma classique tant ce troisième acte nuit à la qualité du film et véhicule une morale douteuse et contestable.
Informations
Night Fare
Date de sortie : 13 janvier 2016
Réalisateur : Julien Seri
Acteurs : Jonathan Howard, Jonathan Demurger, Fanny Valette…
Genre : Action/Thriller/Slasher
Pays d’origine : France