Cérémonie d’ouverture de l’Etrange Festival 2014, 20ème édition :
Hier soir l’équipe d’Au Cœur de l’Horreur assistait à la cérémonie d’ouverture de l’étrange festival.
Au programme : Smart Monkey, court-métrage d’animation réalisé par Winshluss et Nicolas Pawlowski, suivie de l’avant-première du film The Voices (en compétition internationale) réalisé par Marjane Satrapi.
Le public était au rendez-vous pour cette ouverture de la 20ème édition du Festival. 20 ans déjà que l’on dévore les images de cet évènement avec passion et émotions. Quoi de plus logique donc que d’entendre la voix de son fondateur et président afin de souhaiter un Bon Anniversaire au festival et son public. Cette nouvelle édition nous paraissait propice à l’habituel et long discourt de cérémonie. Mais sans pour autant oublier de saluer ses équipes et ses partenaires, Frédéric Temps va rapidement laisser place aux films programmés. Car nous sommes ici, ce soir, jusqu’au 14 Septembre afin de « dévorer de la pellicule ».
C’est ainsi que débute cette programmation. Nicolas Pawlowski, le co-réalisateur de Smart Monkey et son producteur introduisent leur film. On a ensuite le droit à une petite séance de Skype avec Marjane Satrapi qui ne s’étend pas non plus à présenter ce nouveau projet. Chacun remercie leurs partenaires pour le travail fourni tout en souhaitant que le public prenne plaisir à voir les films.
Smart Monkey
Et du plaisir ce n’est pas ce qui manque lorsqu’on va à l’Etrange Festival. Smart Monkey est une adaptation de la BD du même nom. Le court-métrage nous met tout de suite en appétit avec bonne humeur. Avec un dessin en noir et blanc dont les traits personnels le caractérisent, les réalisateurs ont su nous apporter leur vision facétieuse de l’origine de l’homme. À la fois cynique et drôle, on s’attache très vite à l’histoire de ce petit singe aussi malin qu’intelligent. Même si la deuxième partie du court-métrage est un peu moins étonnante, on appréhende quelque peu la suite, l’angle choisi par ses créateurs est des plus intéressant. Smart Monkey est un film qui met davantage en avant l’instinct destructeur de l’homme en tant qu’animal.
Winshluss (Alias Vincent Paronnaud) et Nicolas Pawlowski viennent de la BD, ils ont également collaboré avec Marjane Satrapi sur Persepolis et Poulet aux Prunes, pas étonnant de les retrouver ce soir en première partie de The Voices. Les deux œuvres se répondent parfaitement en proposant un univers à l’humour atypique.
Critique : The Voices
Marjane Satrapi a plus d’un tour dans son sac. Très créative, la réalisatrice, dessinatrice, peintre, auteure de BD franco-iranienne ne cesse de nous dévoiler son univers si singulier. Persepolis, Poulet aux Prunes ou encore La Bande des Jotas… Ces films témoignent de son cynisme doté d’un humour à toutes épreuves dont la poésie nous transporte.
Elle réalise aujourd’hui The Voices, une comédie bien sanglante à l’humour décapant. Le scénario est signé Michael R. Perry (Paranormal Activity 2) et le casting est constitué de Ryan Reynolds, Gemma Arterton, Anna Kendrick, Jacki Weaver… Avec ce film, Marjane Satrapi nous plonge dans l’esprit malade d’un sérial killer. Un homme fragile, perturbé et tiraillé par sa conscience qui se présente sous la forme d’animaux de compagnie.
Jerry est un jeune homme qui travaille dans une usine de baignoires. Il décide de s’intégrer en participant à l’organisation d’une soirée barbecue de son entreprise et tombe amoureux de Fiona, la comptable. Très vite leur relation va prendre une mauvaise tournure qui va dérouter le jeune homme. Il va alors demander conseil à ses animaux de compagnie qui ont la faculté de parler, Bosco, son chien tendre et bienveillant, et Mr Moustache, un chat sadique et méchant.
The Voices est le genre de film qui possède un univers propre à ses créateurs. Il est très imaginatif, fantaisiste, doublé d’une atmosphère sombre. L’Étrange Festival est donc un évènement propice pour voir ce genre de film effectivement bien étrange ! Cette comédie sanglante nous embarque dans une histoire à la fois absurde et glauque, teintée d’un humour cynique et corrosif.
L’interprétation de Ryan Reynolds est étonnante. Rares sont les films où l’acteur nous éblouit de son talent. Avec The Voices, on constate qu’il a trouvé un rôle qui lui convient à la perfection. Jerry est un personnage que l’on peut qualifier « à la Norman Bates », troublé par son passé et sa relation avec sa défunte mère. Il est aujourd’hui un être fragile dont la santé mentale l’oblige à prendre des médicaments pour garder les pieds sur terre. Malheureusement, Jerry se sent bien seul et pour pallier à cette solitude, il décide de ne pas prendre son traitement qui l’empêche de discuter avec son chien et son chat. Car, en effet, Jerry a la faculté d’entendre les voix de Bosco, un chien bonne pâte et de Mr Moustache, un chat hautain et malfaisant. Qui n’a jamais imaginé son chat ou son chien avec un caractère comme celui-ci ? Si les personnages humains sont attachants, les animaux de compagnie correspondent tellement à l’idée que l’on se fait de nos propres animaux. Ces deux personnifications de la bonne et de la mauvaise conscience ajoutent une touche d’absurde poésie. The Voices réalise alors un fantasme partagé. En parlant de fantasme, saluons (sinon je ne serai pas objective) la jolie Gemma Arterton qui apporte la touche sexy du film.
Le plus étonnant est de voir la différence entre la réalité et le fantasme dans la vie de Jerry. Ainsi, le spectateur verra à travers Jerry la vision d’un monde idyllique en totale opposition avec une réalité plus glauque. Une vision coloré qui développe l’esthétisme du film. Marjane Satrapi ajoute à cela une mise en scène douce qui ne vient jamais perturber l’univers du scénario écrit par Michael R. Perry. De cette collaboration va naître un film déroutant qui sort de tous codes et se joue des conventions du genre. Par exemple : cette scène où Gemma Arterton court dans les bois en sous-vêtements alors qu’elle se retrouve poursuivie par un Ryan Reynolds un peu benêt, un couteau ensanglanté à la main. Une scène à la fois drôle qui se moque de la situation et l’amène subtilement à une scène stéréotype des films d’horreur.
Je ne vais pas en dévoiler d’avantage, vous l’aurez compris, The Voices est une comédie délirante et grinçante qui ne manque pas de sensibilité. Le mélange de genre est parfaitement maîtrisé et son casting est, contre toute attente, à la hauteur de son univers. Le film permet de commencer ce festival avec surprise et bonne humeur. On n’en attendait pas moins de la programmation de l’Étrange Festival 2014.
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