Réalisateur: Álex de la Iglesia
Acteurs: Carmen Maura, Carolina Bang, Terele Pavez, Hugo Silva, Mario Casas, Secun de la Rosa, Carlos Areces, Macarena Gómez.
Genre: Comédie fantastique , Action , Epouvante-horreur
Nationalité: Espagnol
Date de sortie: 8 janvier 2014
Synopsis:
“Après le casse d’une bijouterie madrilène, trois braqueurs en fuite se réfugient à Zugarramurdi, petit village basque dont la réputation maléfique tient à la présence massive de sorcières.” (synopsis du PIFFF)
C’est à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du passionnant Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF) que nous avons pu découvrir le dernier film du talentueux Àlex de la Iglesia, Les Sorcières de Zugarramurdi.
Rappelons que l’homme se lança dans la réalisation grâce à Pedro Almodovar qui finança son premier film en 1992: Action Mutante. L’ensemble de sa filmographie eu un succès considérable auprès des festivals, spectateurs et critiques. Il fut récemment remarqué avec son film Balada Triste en 2010, véritable satire sociale de la guerre civile espagnole sous un ton volontairement grotesque et délirant.
Àlex de la Iglesia accompagne ses films d’un humour noir affuté et d’une ambiance totalement déjantée.
C’est peu dire que nous nous attendions une nouvelle fois à un film atypique et disjoncté avec Les Sorcières de Zugarramurdi, surtout après la vision de cette bande annonce.
Pour la petite parenthèse historique, Zugarramurdi était un village espagnol situé au Nord-Ouest de la province de Navarre, près de la frontière avec la France. Le village était réputé pour ses réunions de sorcières. Lors d’un procès basé sur des superstitions en 1610, douze habitants de Zugarramurdi furent condamnés au bûcher.
On ne s’était pas trompé, Àlex de la Iglesia est totalement barré et ce n’est pas pour nous déplaire car ce nouveau film est un pur moment de divertissement, totalement jouissif. Une comédie fantastique comme on aimerait en voir plus souvent.
Contrairement à Balada Triste où certains spectateurs pouvaient se perdent dans un univers et un esthétisme parfois trop décalés, Les Sorcières de Zugarramurdi nous déballe un humour grand public et extrêmement efficace.
À l’image de cette première séquence ahurissante qui nous plonge sans attendre dans un contexte burlesque à souhait. Le braquage d’une bijouterie effectué par un homme déguisé en Jésus, un autre en soldat de plastique vert, un bob l’éponge, un homme invisible et un enfant (si ce n’est pas original tout ça !). Des personnages censés jouer les nombreuses fausses statuts que l’on croise régulièrement en Espagne.
Nous suivrons ensuite leur périple jusqu’à leur arrivée au village de Zugarramurdi.
Et si l’humour marche aussi bien, c’est également dû à la brillante performance des comédiens (notons celle Carmen Maura toujours aussi juste) et à des dialogues d’une drôlerie exquise. De nombreux personnages qui apportent différentes touches d’humour et que la narration se délecte de nous dévoiler tout au long du film. Juste pour citer quelques exemples : le passager du taxi pris en otage, l’homme qui louche de l’auberge, le frère des sorcières enfermé dans la cave ou les nombreuses sorcières toutes plus folles les unes que les autres. Une panoplie de personnage qui peut nous faire rire à tout moment.
Les Sorcières de Zugarramurdi est un film sur la lutte des sexes. Içi, les femmes sont le sexe fort, elles sont représentées par des sorcières aux pouvoirs effrayants tandis que les hommes sont des pauvres créatures sans défenses qui tentent de survivre. Et même dans notre contexte civil, les femmes ont le pouvoir, elles ont le droit à la garde des enfants et aux aides financières. Les hommes eux, doivent voler pour survivre et subir les responsabilités sexuelles de leur couple.
Vous l’aurez compris, le film adopte un point de vue extrêmement machiste et Àlex de la Iglesia l’assume impunément et s’en délecte. On a le droit à de nombreuses remarques misogyne par des personnages frustrés et il faut l’avouer, ça nous fait marrer!
Impossible de parler d’amour entre homme et femme pour les sorcières, la zoophilie et autres dérives sexuelles sont mêmes conseillées. Le seul moyen d’être accepté en tant qu’homme est de se déguiser en femme (à l’image des tantes sorcières un peu fofolles) ou d’être enfermé dans la cave. Le garçon est considéré comme l’élu à partir du moment où il devient androgyne.
Ce pouvoir des femmes se transforme en véritable tyrannie, la critique d’un féminisme extrême.
Un point de vue évidemment burlesque, à prendre au second degré et qui est nuancé (si ça peut vous rassurer) à la fin du film.
Soulevons tout de même quelques défauts et malheureusement pas des moindres. Le film ne propose aucuns temps morts dans son côté burlesque et disjoncté au point de finir par nous lasser. Le rythme devient fatiguant et la surenchère de blagues assez lourdingues. Un aspect qui s’accentue par une dernière partie de film qui parait interminable bien qu’impressionnante visuellement.
Ceci étant dit, Les Sorcières de Zugarramurdi est un film vraiment plaisant qui vient confirmer le talent d’Álex de la Iglesia. Nous vous conseillons de vous précipiter dans les salles à partir du 8 janvier 2014.
Krueger
Note : 7/10
1 commentaire
un film barré, les sorcières sont bien dèg sauf une qui ne nous laisse pas de marbre… qui a dit fantasme de geek? qui a dit ça?