Synopsis :
« Évacués de Londres pendant les bombardements de la seconde guerre mondiale, un groupe de huit élèves, emmenés par la directrice Jean Hogg et Eve Parkins, une jeune institutrice, arrive dans le petit village de Crythin Gifford dans le nord-est de l’Angleterre. Leur destination est la Maison des marais. Un imposant manoir délabré sur une île isolé du continent. Leur présence réveille une force maléfique qui hante cette imposante demeure depuis des décennies. De l’obscurité va surgir l’esprit démoniaque et vengeur de la Dame en noir. » (Wikipédia)
Critique :
Malgré un succès commercial retentissant, La Dame en noir (film d’horreur britannique le plus rentable de ces 20 dernières années) nous avait inspiré la plus sage indifférence. Le soin apporté aux décors et aux costumes représentait le principal attrait du film qui s’embourbait rapidement dans une trame ectoplasmique convenue et lénifiante. L’annonce d’une suite avait donc suscité au sein de notre rédaction le même effet que les dernières déclarations de Nabilla : on s’en foutait… Ce désintérêt est malheureusement justifié tant La Dame en noir 2 est une suite paresseuse qui se complaît à radoter.
Le film s’inscrit dans la continuité esthétique et narrative du premier volet. Il se contente de réutiliser les ingrédients qui avaient fait le succès de son prédécesseur si bien que l’on a parfois l’impression d’assister davantage à un remake qu’à une véritable suite. Car aucune nouvelle révélation ne viendra étoffer le mythe de La Dame en noir, le film se contentant de rabâcher la même intrigue. Cette séquelle se veut toutefois plus horrifique. L’introduction est courte et les protagonistes ne tardent pas à fouler la Maison des marais et à croiser sa plus funeste habitante. On assiste par ailleurs à la mort de plusieurs enfants et même si l’acte en lui-même est souvent escamoté, les corps sont dévoilés avec une certaine brutalité clinique, ce qui rompt avec la pudeur qui sied à la plupart des productions du genre. La réalisation, sans éclat, est toutefois à la hauteur du premier opus et offre quelques jump scares efficaces. Mais outre ces maigres qualités, La Dame en noir 2 révèle rapidement ses limites. Le film déroule un scénario convenu qui n’offre aucun effet de surprise. Il suit sagement et aveuglément le schéma traditionnel des films du genre et, plus encore, celui du premier film.
Cependant, le rythme de ce second film apparaît beaucoup plus bancal. Si les protagonistes pénètrent rapidement dans la Maison des marais, la découverte de La Dame en noir et ses différents meurtres traînent en longueur si bien que le film accélère dans sa dernière partie sans se soucier de la cohérence des enchaînements dramatiques. A tel point que les personnages ne prennent même pas la peine d’élaborer un plan pour mettre fin à la malédiction. Ils foncent dans le tas et se débarrassent, on ne sait comment, de la fameuse Dame en noir. Mais le plus agaçant est le procédé, déjà utilisé dans le premier volet, qui permet à l’héroïne de découvrir l’histoire de l’esprit maléfique grâce à des anciennes lettres manuscrites. On a donc droit au même laïus sur l’histoire de cette femme à qui on a volé l’enfant et qui est mort lors d’un tragique accident dans les marais. Exactement la même histoire, mais en plus simpliste, car une seul lettre suffit à l’héroïne pour percer le mystère de La Dame en noir (alors que dans le premier film, Daniel Radcliffe avait croisé différentes lettres pour reconstituer les événements).
Ce schéma rébarbatif n’est malheureusement pas sauvé par les personnages, aussi lisses que les fesses d’un nouveau-né, malgré les vaines tentatives des scénaristes pour instiller une « part d’ombre ». En outre, la découverte du passé traumatique de l’héroïne, Eve, sous forme de brefs flashbacks répétés, ne parvient pas à susciter le moindre intérêt et ne donne lieu qu’à une psychologie de comptoir (en gros si l’héroïne est tant dévouée et compréhensive à l’égard de ses jeunes élèves c’est parce qu’on lui a enlevé son enfant à sa naissance). Pire, la tentative de désacralisation du personnage du jeune et séduisant aviateur anglais échoue lamentablement. Le monsieur finit par révéler sa phobie de l’eau à la suite d’un accident au cours duquel il a vu ses compagnons se noyer. Après cet événement, il a refusé de remonter dans les airs et a été rétrogradé, devenant le gardien d’une fausse base aérienne, un leurre pour tromper l’ennemi lors des bombardements. Ces pirouettes scénaristiques auraient pu être mieux exploitées si les scénaristes avaient osé noircir la personnalité des protagonistes. Mais au final, ce n’est que l’extrême sensibilité et gentillesse des personnages qui est à l’origine de leurs traumatismes. La candeur du jeune pilote en devient presque déconcertante. Certes, le monsieur cherche à tout prix à séduire Eve, mais il fait montre d’une compréhension à toute épreuve et ne remet jamais en question les assertions de la jeune femme (une bonne poire en somme). Jusqu’à la scène finale où Harry ira jusqu’à se sacrifier, retrouvant par là-même son honneur martial bafoué…
La Dame en noir 2 n’est que le triste reflet d’une standardisation cinématographique paresseuse et mercantile. Une œuvre qui confirme l’orientation de La Hammer vers des productions de facture classique destinées au grand public. Les fans du genre y trouveront difficilement leur compte et seront très certainement agacés par cet amas de poncifs et de rouages narratifs éculés. Car La Dame en noir 2 n’a de suite que le nom et le film ne fait que mettre en scène la même histoire que son prédécesseur. Une oeuvre qui s’adresse donc en priorité aux fans du premier film, s’ils existent…
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Date de sortie : 14 janvier 2015
Réalisateur : Tom Harper
Acteurs : Phoebe Fox, Jeremy Irvine, Helen McCrory…
Genre : Horreur
Pays d’origine : Royaume-Unis