Synopsis
Une jeune étudiante, Justine, reste seule dans un campus le soir de Thanksgiving. Elle est attaquée par quatre individus masqués qui se lancent dans une traque impitoyable. Justine se rend rapidement compte qu’elle est filmée et au centre d’un jeu violent dont la seule issue est la mort.
Critique
Après la lecture de ces quelques lignes, je vois déjà les plus tatillons d’entre vous se tenir la tête dans les mains en s’exclamant : « sérieux ? Toute seule ? Y a pas au moins un ou deux blaireaux sans amis ni famille qui sont restés ? »
Je souscris à cette objection tant le pitch va à l’encontre du principe tant vécu de l’idée de merde multiple. Quand on a une idée que l’on juge excellente, on se rend (malheureusement) compte que quelqu’un, dans le monde ou le passé, la déjà eue. Mais c’est encore plus vrai pour une idée de merde : on peut être sûr qu’au moins quelqu’un y a pensé. Donc selon ce principe, oui, il devrait au moins y avoir aussi quelques étudiants dans les parages. Mais ce n’est pas le cas. Soit…
Si vous pensez que ce pitch est l’aspect le plus contestable, je vous conseille de ranger vos objections de réalité au placard (sûrement pleines de bon sens d’ailleurs). Car Kristy ne s’embarrasse guère du vraisemblable. Le réalisateur, Oliver Blackburn, nous offre un survival classique mais musclé, où Justine devra affronter quatre agresseurs déterminés et disons-le, légèrement dérangés.
L’un des premiers points positifs du film est le cadre où se déroule l’action, un campus. Un tel lieu offre en effet de nombreux recoins où se cacher, de nombreux accessoires, et nous évite les lieux parfois trop récurrents et monotones tels que les forêts. Cependant, un tel cadre offre également plusieurs inconvénients. On imagine aisément la difficulté de réaliser une chasse à l’homme dans un lieu aussi vaste (le campus comprenant outre l’université, une piscine, une bibliothèque, une cafétéria…). Dès lors, le réalisateur va user des moyens les plus éculés, dignes des pires survivals/Slashers (je pense notamment à Urban Legend), pour accroître la tension dramatique et donner l’illusion de l’ubiquité des personnages. Car c’est là le point faible principal du film : où qu’aille la protagoniste, ses assaillants sont systématiquement dans ses pas, à quelques minutes près. Une situation qui paraît bien souvent irréaliste tant le lieu est vaste. L’angoisse de l’attente et la peur d’être découvert auraient ainsi pu être davantage exploitées. Au lieu de cela, Justine est en fuite perpétuelle face à ces devins de la traque.
S’ajoute à cette situation de nombreuses incohérences qui facilitent le déroulement de la traque. Un exemple ? Le veilleur de nuit, qui sort faire sa ronde. Il retourne à l’entrée principale qui a été bloquée par un des agresseurs (à l’aide d’un pied de biche à l’extérieur pour bloquer l’ouverture de deux grandes portes). Le vigile se rend compte que la porte est fermée, tape comme un forcené, sans s’apercevoir bien évidemment qu’un pied de biche, à quelques centimètres de lui, bloque la porte… (sacré gardien quand même…). De quoi laisser le temps aux vilains de lui régler son compte…
Autre point mitigé, la motivation des personnages, comme bien souvent dans ce genre de films. Dès les premières minutes, on apprend que les assaillants sont issus d’une sorte de secte satanique qui poursuit et tue des jeunes filles jugées innocentes. Ici, le titre « Kristy » ne fait pas référence au nom du personnage, mais à l’archétype de la victime, celle dont l’innocence et la pureté renvoie au Christ. Un tel pitch scénaristique n’était pas vraiment utile (ou alors mériterait d’être davantage développé) et ne fait qu’alourdir le récit.
De facture classique, Kristy n’offre aucune nouveauté et se contente d’exploiter les recettes les plus éculées. Il en va ainsi des masques, très à la mode en ce moment. Les réalisateurs rivalisent de créativité pour offrir des masques plus originaux et effrayants les uns que les autres. On pense notamment à des films comme The Strangers, You’re Next ou Torment. Malheureusement, même cet élément est peu réussi. Réalisés à partir de papier d’aluminium, les masques n’inspirent que l’indifférence et ne parviennent pas à accentuer l’horreur de la situation. Au mieux est-on touché par le côté artisanal du déguisement (« ah les pauvres tueurs, ils n’ont pas beaucoup de moyens… »).
Malgré ces aspects négatifs, le film offre un basculement intéressant qui permet de relancer la narration, celui du passage du rôle de victime à celui de bourreau. Les chasseurs deviennent chassés et l’innocente Justine (y a que moi qui pense à « Premiers Baisers » ?) se mue en guerrière revancharde (ok on a déjà vu ça mille fois…). On comprend enfin l’intérêt de ses cours de physique (tient, encore une facilité scénaristique…).
Loin d’être déplaisant, Kristy est un survival efficace qui, certes, en agacera plus d’un avec ses ressorts scénaristiques rouillés, mais réussira à angoisser les spectateurs les plus innocents (ceux pour qui Urban Legend est le film le plus terrifiant de tous les temps).
Pour conclure, je ne dirai qu’une chose : quelle idée à la con de rester seule dans un campus le soir de Thanksgiving !
44
10
NOTE
Informations
Réalisateur : Oliver Blackburn
Scénario : Anthony Jaswinski
Casting : Ashley Greene, Haley Bennett, Lucas Till, Mathew St. Patrick…
Genre : Horreur, survival
Pays d’origine : Etats-Unis
Durée : 86 min
Date de sortie : 7 août 2014
3 commentaires
Je m’inscris en faux, Urban Legend n’est pas un *survival* plutôt un slasher, et certainement pas un des plus mauvais ! Et même si maintenant je le prend comme un plaisir coupable, je suis quand même prêt à redorer son blason dès que j’en ai l’opportunité.
Merci pour cette remarque très juste. Urban Legend est effectivement un slasher. Sur la qualité du film, en revanche, je maintiens mes propos. A mes yeux, Urban Legend est un ersatz de Scream qui ne fait que multiplier les ficelles grossières et les incohérences scénaristiques. Il y a toutefois une petite part de provocation dans cette critique et Urban Legend est loin d’être le pire Slasher de l’histoire.
Il est *fun* surtout, mais c’est vrai que le chef d’oeuvre qu’est Scream a mis la barre tellement haute ! donc tout ce qui est venu post-Scream ne peuvent qu’être des ersatz. On sent la nostalgie des années 90 🙂