Synopsis
« Atteinte d’agoraphobie sévère, Anna vit depuis 10 ans recluse dans une ancienne maison victorienne à la périphérie d’une ville de Louisiane. Lorsque des criminelles s’introduisent chez elle par effraction, elle est terrifiée mais incapable de s’enfuir et de leur échapper. Ce que les cambrioleurs ne savent pas encore est que l’agoraphobie n’est pas la seule psychose dont souffre la jeune femme… «
Critique
Ce titre de Intruders ne sera pas sans rappeler aux fans des eighties le métrage de Sam Raimi Intruder, métrage à l’apogée de l’époque des slashers dans ce qu’ils avaient de plus jouissif. Un intrus venant jouer les éléments perturbateurs dans une supérette de quartier. Ici, il s’agira plutôt de plusieurs éléments perturbateurs qui vont tomber sur un élément très perturbé en la personne de Anna (Beth Riesgraf). Car Intruders est bel et bien un digne représentant de la catégorie très représentée des Home Invasion. Et pour le coup, il y a de nombreux représentants du genre qui ont efficacement marqué les esprits ces dernières années. La question principale est donc: Cet Intruders va-t-il proposer quelque chose qui le démarquera des You’re Next, The Purge et autres Haute Tension?
Adam Schindler propose en effet un métrage qui a le mérite de s’affranchir des ingrédients trop souvent utilisés dans les Home Invasion. Il ne s’agit pas ici de tueurs sanguinaires, de bandits armés jusqu’aux dents ou de dangereux psychotiques. Le scénario mise sur la sobriété et parvient à hiérarchiser judicieusement les différents protagonistes. Ainsi, le spectateur suivra le sort de la jeune Anna Rook, une jeune femme dont le frère vient juste de mourir, et qui va se retrouver seule face à elle-même et face au monde qui l’entoure. Dans ce genre de production, les éléments extérieurs sont la variable qui définit le déroulement de l’intrigue, et à leur réussite est indexée le sort du ou des personnages principaux. Ici, il en est tout autre, et c’est sans conteste un des points forts de ce film. C’est en effet le personnage principal qui va conditionner le déroulement de l’histoire, et qui va écrire par ses actes le devenir de tous les autres intervenants. Adam Schindler ne crée donc pas son scénario autour de la survie de la victime de l’intrusion, mais autour de la survie des intrus. Choix diablement osé et périlleux s’il n’est pas correctement maitrisé.
La maison des Rook enferme en son sein des secrets qui ne vont être dévoilés qu’au compte-goutte, et l’intérêt du scénario ne va donc être distillé qu’au fur et à mesure des minutes qui s’écoulent. Cet effet whodunit s’avère d’autant plus efficace que l’histoire ne part pas dans des délires hystérico-gores. Malgré certaines scènes qui pourraient laisser un peu perplexe, l’ensemble est très homogène et on avance au rythme des malheureux braqueurs dans la découverte de l’horreur. Le spectateur n’a en effet à aucun moment le bénéfice d’en savoir plus que les protagonistes. Cette manipulation de l’esprit est pleinement réussie car elle fait naître la mécanique de réflexion et le spectateur en vient à chercher une issue salvatrice en transposant sa vision en celle des personnages. Le scénario n’aura malheureusement pas l’énergie suffisante pour maintenir cette tension jusqu’au clap de fin, et les dernières minutes desserviront ce qui aurait pu être une vraie bonne surprise de ce début 2016. Une fois le climax dévoilé, l’histoire se perd en faux rebonds et peine à conclure en apothéose la rencontre de ces malfrats avec cette personnification de la veuve noire. On aurait préféré quelque chose de plus incisif, de plus brutal et surtout de moins commun que ce coup de feu sonnant le glas du combat entre la belle et la bête. D’autant que la maison et ses nombreuses surprises auraient sans difficultés pues apporter des éléments appropriés à une conclusion plus efficace.
Rien ne laissait pourtant présager de la barbarie dont s’avère être capable la jeune Anna. Tantôt victime, tantôt bourreau, elle apparaît dès le début du film comme une jeune femme introverti, effacée mais avec un caractère qui laisse présager, sans aller jusqu’à la schizophrénie, une forte tendance au dédoublement de personnalité. D’ailleurs, à aucun moment le réalisateur ne prend le parti de cautionner ou de condamner les agissements d’Anna. Manque d’engagement ou volonté de laisser libre choix au spectateur? Quant à la bande de braqueurs, ils n’ont pas non plus le profil type des malfrats comme les Home Invasion nous l’avaient à de nombreuses reprises proposé. Humains, empathiques, ils s’excuseraient presque de venir troubler la tranquillité de la jeune femme. Ce choix permet de ne pas court-circuiter l’intrigue et de garder ce soupçon de réalisme qui permettra une lisibilité parfaite de ce que le réalisateur souhaite faire du spectateur. La distribution s’avère également être réussie, et seul le personnage de Dan (Rory Culkin) pourrait constituer une petite contrariété pour les plus pointilleux (en tout cas, ce fut le cas pour moi). Pour les puristes en revanche, Adam Schindler aura prévu une belle référence à Carrie de Brian De Palma à la toute fin de l’histoire.
En somme, il n’est pas si aisé de pouvoir cerner les éléments qui auraient pu transcender ce louable effort de réalisation. Un peu plus de gore peut-être, un peu plus de rythme éventuellement, voire les deux… Il semblerait qu’un léger travail de cohérence ainsi qu’un final à la hauteur auraient indéniablement tiré ce film vers la haut. Malgré cela, Intruders apporte un peu de sang neuf à un genre qui ne cherche pas réellement à se renouveler.
55
10
NOTE
Informations
Intruders
Titre original : Nom du film
Réalisation : Adam Schindler
Scénario : T.J. Cimfel, David White
Casting : Beth Riesgraf, Rory Culkin, Leticia Jimenez, Jack Kesy
Pays d’origine : Etats-Unis
Genre : Home Invasion
Durée : 90 minutes
Date de sortie : 20 avril 2016 (VOD)