Encore une série qui aborde le virage de la deuxième saison à la limite de finir dans le décor. Une fois de plus, une série nous emballe avec une première saison à l’univers intrigant et à l’histoire prenante, mais les scénaristes finissent par se perdre dans un imbroglio grotesque, caricaturant les éléments qui avait fait le succès de la série. Helix faisait pourtant figure d’intéressante fiction où les pistes et les questionnements déjà largement développés par le cinéma n’avaient encore été que peu traitées à la télévision.
On savait dès la fin de la première saison que cette nouvelle salve d’épisodes serait différente de la première. Et c’est peut-être bien là le problème, parce qu’au final, les deux saisons sont très similaires. On a un peu l’impression que cette nouvelle saison ne fait que reprendre les mêmes ingrédients et les transposer dans un nouvel univers. On a certes bien le droit à quelques nouveautés quand même, mais les nouvelles idées sont exploitées de façon assez bancales et/ou peu convaincantes.
Tout d’abord, nos héros se retrouvent isolés sur une île, plongés au sein d’une communauté patriarcale qui doit faire face aux retombées macabres de ses expérimentations génétiques sur les plantes. Même s’il n’est pas difficile d’y voir une attaque frontale contre l’industrie pétrochimique liée à l’alimentation (Monsanto et consorts…) qui est assez pertinente sur le fond, les conséquences dramatiques de ces expériences virent au sensationnalisme horrifique. Une forme de retenue aurait donné bien plus de consistance à cette monstruosité à laquelle participe cette société patronnée par un illuminé égocentrique.
Une autre idée mal exploitée, qui découle du concept d’immortalité introduite vers la fin de la saison 1, est le jeu sur deux époques séparées de 30 années. Le gros de l’intrigue se déroule à notre époque, et certains personnages se retrouvent à mener sur deux fronts temporels deux quêtes distinctes. Les parallèles de causes/effets entre les deux espaces-temps auraient mérité bien plus de réflexions et de place pour ne pas tout simplement discréditer les actions du temps futur. Il y a de l’action 30 ans après les faits principaux, oui, et donc… Et donc rien, c’est l’occasion de revoir un personnage de la saison 1 qu’on ne savait pas trop où insérer dans l’histoire jusqu’à maintenant, et de découvrir que l’immortalité se trouve menacée. Cependant, aucune finalité narrative n’est développée pour ce créneau temporel.
Cependant, il y a, parsemées ici et là, des orientations qui méritaient sûrement un peu plus de développement. On peut citer par exemple cette idée bien glauque des mères pondeuses enfermées dans un sombre sous-sol, et qui se retrouvent libérées à la fin au cœur de la communauté. L’ingérence militaire (négative, puisqu’il y en a déjà une positive) aurait pu aussi être une potentielle voie à explorer, plutôt que de la cantonner à un raid aérien hasardeux. On aurait souhaité aussi, pourquoi pas, que la société Ilaria Corporation, qui développait le virus au cœur de l’intrigue de la saison 1, se retrouve un peu plus présente. Car le thème introduit par cette compagnie avait une portée relativement inédite, philosophiquement aussi stimulante qu’exécrable : la régulation humaine mondiale. Sujet dans l’ère du temps et source de questionnements scientifiques majeurs, qui emprunte au fil de la saison la voie de l’eugénisme.
Outre ces pistes esquissées, d’autres aux traits bien plus forcés auraient mérité d’être bien plus discrètes. Cette espèce d’obstination maladroite autour de la quête de l’immortalité, à travers la survie de cet embryon en forme de sac à main, amène une sorte de lourdeur malavisée dans 3-4 épisodes. En associant ça aux quêtes récurrentes des autres personnages de la saison, qui ne sont pas beaucoup plus passionnantes, cela fait traîner une petite moitié de cette saison en longueur. De manière générale d’ailleurs, on constate que toute cette équipe au début réunie se retrouve très vite éclatée. Chaque personnage suit sa propre voie sans vraiment se soucier des autres, et tout le monde se retrouve à la fin quand il est temps de quitter l’île.
C’est d’autant plus regrettable que la maîtrise technique et la mise en scène sont au rendez-vous, et que le budget effets spéciaux s’est vu complété pour répondre aux attentes du scénario de façon bien plus conséquente que l’année dernière. Entre les écueils scénaristiques et le soin technique, on aurait quand même du mal à ressortir satisfait du visionnage de cette nouvelle saison d’Helix. Les spectateurs ne s’y sont d’ailleurs pas fait prendre. Avec des audiences en berne, SyFy a décidé de mettre un terme à la série. Ce qui n’est pas pour nous déplaire à la vue de la scène finale complètement insensée et facile.
Décevante saison 2 à plus d’un titre. Dommage car, sur l’ensemble des deux saisons, Helix tire sa révérence de la plus mauvaise des façons et laisse un arrière-goût amer. Et du coup, on l’oubliera assez facilement alors qu’il y avait un vrai potentiel.
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Créateur : Cameron Porsandeh
Acteurs : Billy Campbell, Kyra Zogorsky, Mark Ghanimé…
Format : 13×40 mn
Pays d’origine : Etats-Unis
Chaîne : SyFy