Réalisateur : Till Kleinert
Acteurs : Pit Bukowski, Michel Diercks, Uwe Preuss…
Genre : Horreur, Thriller
Nationalité : Allemand
Date de sortie : 8 février 2014 (Allemagne)
Synopsis :
Dans un village allemand reculé, un loup sème la terreur parmi les habitants. Mais Jakob, un jeune policier local est persuadé qu’il s’agit d’autre chose…
Critique :
Der Samuraï est un film à la fois poétique et sanguinaire. Je peux le dire et l’assumer, c’est un véritable coup de cœur. Il serait pour moi légitime qu’il soit le grand gagnant du Festival Mauvais Genre. Tout est maîtrisé à la perfection : un scénario parfaitement construit, un jeu d’acteur incroyable, une mise en scène réfléchie et soignée … Pas étonnant qu’il se soit retrouvé au programme du Festival Internationale de Berlin.
L’histoire se déroule dans un village allemand. Un loup rode dans les environs et terrifie les habitants. Un jeune policier, Jakob, tente d’approcher la bête afin de rétablir le contrôle de la situation. Le film va se dérouler en une nuit où Jakob va découvrir que ce qu’il pourchasse est bien pire qu’un animal sauvage. C’est une véritable chasse au loup pleine de tension. S’il veut arriver à ses fins, Jakob va devoir faire preuve de patience. Le tout est d’apprivoiser l’animal pour mieux le coincer.
Les personnages de Jakob et de son rival sont divinement portés à l’écran par Michel Diercks et Pit Bukowski. Il faut dire que le réalisateur leur offre des rôles à la hauteur de leurs talents. Magnifiquement développé à l’écran, il est évident qu’ils ont bénéficié d’une direction d’acteur parfaitement juste. Le personnage de Jakob est un homme introverti, sage mais néanmoins nuancé par une frustration qui va révéler en lui l’animal tapi en son âme. Der Samuraï est un antagoniste comme on les aime, torturé et provocateur, libre au point de tuer. Son unique obsession est Jakob. Il instaure à la fois un jeu de séduction et de répulsion jusqu’à pousser son adversaire à réveiller son côté sauvage. Dans ce personnage mystérieux et inquiétant, on y retrouve quelques doses de Jack Nicholson dans Shinning, un peu de Heath Ledger dans le rôle du Joker ou encore des attitudes digne de Uma Thurman dans Kill Bill. Autant de références évidentes qui font de Der Samuraï un personnage emblématique du film.
On retrouve ces références dans la mise en scène. Le plan où le samuraï regarde avec un sourire inquiétant la maquette de la ville construite par Jakob, est évidemment un clin d’œil au plan de Jack Nicholson regardant le labyrinthe dans Shinning de Stanley Kubrick. Dans ces deux scènes, le personnage se penche sur la maquette et finit par y voir, Jakob, son adversaire courir et déambuler à l’intérieur de celle-ci pour ensuite le retrouver dans l’espace réel. Parfaitement utilisé dans Der Samuraï, cet insert n’est pas le seul à prouver la maîtrise parfaite du réalisateur. La scène où le personnage du samouraï se retrouve encerclé par les motos, ou encore celle où il tue ce même groupe de motards entourés par le feu, lorsqu’il court dans la forêt, le plan à ras le sol au moment où les phares d’une voiture apparaissent au loin dans l’obscurité, les plans d’ouverture du film présentant tour à tour les personnages de dos… Voilà ce qui prouve le talent de Till Kleinert.
J’ajouterai même que c’est un véritable soulagement de voir un film qui n’a pas peur de l’obscurité. La nuit est superbement filmée, pas de lumière trop blanche ou trop bleue sous prétexte que la lune est un véritable spot lumineux. On se laisser néanmoins bercer par ces effluves orange et rouge, témoins de la passion dévastatrice des personnages.
Plus qu’un film, Der Samuraï est une ode à l’animalité présente dans l’être humain. Le film présente une véritable personnalité, il possède une existence propre bien au-delà de son auteur. Je me suis réellement livrée au film. Je peux le dire maintenant, je viens de voir une œuvre cinématographique.
Sadako
Note : 9/10
1 commentaire
il est vraie que la mise en scène est superbe dans la forme sauf qu’elle est complètement fausse par rapport au fond. Puisque le film traite de skizophrénie: le loup solitaire et le samourai ne sont qu’un et même personne. donc il est impossible de voir les deux personnage en point de vue à la troisième personne. Le samourai est une vision de lui même via la perception de son esprit malade. et la fin sur fond de musique rap est ridicule. mais cela reste une vraie surprise.