Fear The Walking Dead était très certainement l’une des séries les plus attendues de cette rentrée. Il faut dire que ce spin-off de The Walking Dead s’est fait connaître à grands coups de renforts promotionnels ces derniers mois, diffusant de nombreux teasers, pubs TV, vidéos et coulisses du tournage. Pour la chaîne AMC, le lancement de la série est une vraie réussite. Ce premier épisode a été suivi par plus de 10 millions de téléspectateurs, un record d’audience pour le pilote d’une série de chaîne câblée.
On se souvient à quel point la première saison de The Walking Dead était bancale et décevante : scénario inintéressant, personnages stéréotypés, réalisation sans inspiration… Les reproches faits à la série étaient longs, surtout lorsque l’on comparait cette adaptation télévisée à l’oeuvre d’origine, bien plus percutante et audacieuse. Après un changement de staff (la série est réputée pour son changement de Show Runner à chaque saison), la série a progressivement trouvé ses marques pour atteindre, avec la saison 5, sa phase de maturité. The Walking Dead est désormais une série culte qui a réussi l’exploit de sortir du cercle restreint des fans de genre pour toucher un public large et diversifié, tout en s’attirant la bénédiction des critiques (et ça, c’était pas gagné).
L’idée d’un spin-off, bien que motivée par des considérations commerciales et marketing, semble ici justifiée par la volonté de développer une nouvelle approche et un nouveau point de vue, sans s’appuyer cette fois-ci sur le célèbre comics. Alors que The Walking Dead prend pour point de départ un univers post-apocalyptique envahi par les zombies, Fear The Walking Dead dépeint l’émergence de cette épidémie et le basculement de la civilisation dans le chaos. Les créateurs de la série, Dave Erickson et Robert Kirkman, ont toutefois maintes fois rappelé que la série n’était pas un prequel, mais plutôt une histoire parallèle. Ce qui n’exclut toutefois pas la possibilité d’un cross-over dans les années à venir.
Bref, venons-en au coeur du sujet. Que vaut réellement ce pilote? Mérite-t-il cet engouement?
Ce pilote fait une entrée en douceur et réserve finalement peu de scènes d’action. L’objectif est avant tout de présenter les différents personnages et de faire monter progressivement la tension autour de l’épidémie. Une épidémie qui n’éclatera au grand jour qu’à la fin de l’épisode. La viralité épidémiologique se double ici d’une viralité digitale, puisque que l’infection se propagera aussi vite sur les réseaux sociaux que dans les rues de Los Angeles.
Contrairement à TWD, les protagonistes sont avant tout marqués par leur normalité, puisque l’on suit une famille recomposée dont les parents, Travis et Madison, sont professeurs de lycée. A la différence par exemple de Rick Grimes, dont le métier, ex-shérif, le prédisposait à affronter la menace zombie et à assurer le rôle de leader. Seul le fis aîné, Nick, un junkie âgé de 19 ans, rompt la monotonie et la trivialité de cette famille issue de la classe moyenne. Nick va être le premier personnage à être confronté à l’épidémie, découvrant dans une église servant de squat sa copine dévorant les viscères d’un autre junkie. Incapable de distinguer le réel des hallucinations provoquées par la drogue, Nick ne sonnera pas la sonnette d’alarme, alors même que d’autres indices d’infection se manifesteront à différents endroits de la ville.
L’information sera principalement connue des marginaux, junkies ou autres geeks isolés, dont la parole n’a aucune résonance aux oreilles des autorités. C’est l’un des aspects les plus intéressants de ce pilote, la manière dont les créateurs ont imaginé comment une telle épidémie pourrait apparaître et se propager. La mécanique dévoilée révèle une prise de conscience trop tardive des autorités et des institutions. Ce n’est pas tant la virulence de l’épidémie qui est ici en jeu que l’incurie organisationnelle et le déni des institutions. Lorsque Madison tente de rassurer son élève en lui déclarant que si de tels phénomènes se produisaient, les autorités en avertiraient immédiatement les citoyens, elle ne fait que conforter l’aveuglement des autorités face à la multiplication d’indices (comme cette épidémie de grippe qui provoque un taux d’absentéisme record dans le même lycée).
L’une des scènes clés du pilote révèle les enjeux de ce spin-off. Dans sa classe de cours, Travis expose à ses élèves les problématiques que recèle le roman Croc-Blanc de Jack London. Ce que l’auteur tente de nous montrer, nous dit Travis, c’est la découverte et la cruauté du monde sauvage face à la civilisation, et la lutte pour la survie : mangé ou être mangé. Une mise en perspective qui ne trouve aucun écho auprès d’élèves insouciants, confiant dans le confort apporté par la technologie. Cette scène prépare ainsi le basculement brutal à venir et rappelle d’ailleurs à bien des égards celle de la série Scream, qui exposait de la même manière les enjeux du remake dans un cours de littérature!
Force est de reconnaître que les chiffres d’audience sont mérités car ce pilote présente toutes les qualités requises pour que la série devienne la digne héritière de sa soeur aînée. Fear The Walking ne souffre en effet pas de la comparaison et bénéficie d’une réalisation et d’une photographie tout aussi soignées. Le décor et l’atmosphère lumineuse de l’église offrent notamment un cadre crépusculaire parfait pour la première apparition des zombies. La série est par ailleurs portée par des acteurs convaincants et l’accent semble avoir été mis sur la caractérisation des personnages. Cette exposition est certes marquée par une certaine lenteur narrative, mais elle apparaît nécessaire pour prendre le temps d’installer l’intrigue et les personnages et pour accentuer la brutalité de la rupture à venir. Fear The Walking Dead est donc une série à suivre de près, d’autant plus que cette saison ne compte que 6 épisodes et sera donc peu chronophage.
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Créée par : Dave Erickson, Robert Kirkman (2015)
Acteurs : Cliff Curtis, Kim Dickens, Frank Dillane…
Genre : Zombies
Pays d’origine : Etats-Unis
Format : 60 minutes
1 commentaire
vive the walking et a mon avis cette seri nous aidera a faire passé latente entre les saisons de Walking