The Lighthouse
Synopsis
Le film se passe dans une ile lointaine et mystérieuse de Nouvelle Angleterre à la fin du XIXe siècle, et met en scène une » histoire hypnotique et hallucinatoire » de deux gardiens de phare.
Notre avis
L’un des opus les plus attendus, si ce n’était le plus attendu du festival fut le dernier film de l’américain Robert Eggers, The Lighthouse. En effet, après le succès critique et commercial de The Witch (2015), son film précédent, le jeune metteur en scène a été érigé comme l’un des maîtres de l’horreur sur grand écran actuel.
Quatre années plus tard, il revient avec une nouvelle fable, toujours dans l’horreur psychologique et iconographique mais empruntant l’esthétique revisité d’un cinéma moins contemporain. En passant par le noir et blanc et en usant d’un format en 4 :3, on est forcé de penser aux films d’épouvante produit par Universal des années 30. Plus encore, dans ce huis clos en bord de mer où deux personnages se font face psychologiquement et physiquement, difficile de ne pas songer au Persona (1966) d’Ingmar Bergman.
Comme dans The Witch, une légende féerique et fantastique se voit revisitée au service d’une intrigue et d’un propos qui ne lui est pas nécessairement propre. Si dans The Witch, il était question (comme son titre l’indique) de sorcières, dans The Lighthouse c’est le mythe de la sirène qui est remis au goût du jour. Tant sur le plan métaphorique que technique, le film puise dans cette symbolique pour illustrer, sous tous les sens, le sentiment d’abandon, d’absence et de la tentation.
On notera d’ailleurs, une récurrence dans les thèmes du scénariste. Dans The Witch, les protagonistes étaient en quête d’un nouveau départ, alors en pleine colonisation des terres vierges d’Amérique du Nord. Ici aussi, le personnage de Robert Pattinson est à la recherche d’un second souffle, d’une nouvelle vie en tant que veilleur de phare sous les ordres d’un contremaître hargneux et ivrogne, incarné par un Willem Dafoe stellaire.
Pour ne pas comparer d’avantage les deux films, notons tout de même le choix d’inscrire le récit dans une période historique antécédente. Chose très efficace qui permet ici d’ancrer la crédibilité du contexte folklorique à travers les croyances peu éduquées des personnages. Soulignant d’avantage leur impuissance et rendant quelque part, la chose encore plus terrifiante.
Le résultat est un film atmosphérique prenant avec une ambiance pesante mais un récit raconté de la simple des manières avec efficacité. Malgré les indices laissés par le scénario, on reste happé par la lente transformation de ces deux personnages mystérieux, de plus en plus paranoïaques au fil de leur rapprochement sur cette île fantasmagorique. Une tempête se dessine mais l’orage demeure invisible. C’est une réussite totale bien que, on pourrait reprocher ce final peut-être un peu trop figuratif.
Swallow
Synopsis
Hunter semble mener une vie parfaite aux côtés de Richie, son mari qui vient de reprendre la direction de l’entreprise familiale. Mais dès lors qu’elle tombe enceinte, elle développe un trouble compulsif du comportement alimentaire, le Pica, caractérisé par l’ingestion d’objets dangereux. Son époux et sa belle-famille décident alors de contrôler ses moindres faits et gestes pour éviter le pire : qu’elle ne porte atteinte à la lignée des Conrad… Mais cette étrange et incontrôlable obsession ne cacherait-elle pas un secret plus terrible encore ?
Notre avis
Vendu un peu partout comme un drame psychologique novateur à la fois troublant et choquant, le second film de Carlos Mirabella-Davis est lui-même incapable de le savoir. On trouve tous les clichés de la famille consumériste nord-américaine et de la femme au foyer complètement écrasée par son rôle social. Entre ça et l’évidence d’un scénario peu travaillé et une mise en scène un peu fébrile, quoi qu’efficace, le film n’est jamais fin, osé ou encore révolté. C’est d’une banalité déconcertante malgré l’idée de départ : une femme souffrant du syndrome de la pica, soit l’envie névrotique d’avaler des objets les plus incongrues.
Tout est pourtant là, cette lubie incarne un symbole simple et efficace d’intériorisation de colères et frustrations qui deviennent reconquises par l’ingestion volontaire d’objets divers. Simplement, à aucun moment un parallèle n’est dressé clairement. Qui plus est, cette idée ne fleurit jamais car la maladie de pica n’est jamais vraiment exploitée très subtilement. Le film n’est d’ailleurs pas plus révoltant qu’un American Pie en termes de scène crue. Très vite d’ailleurs, ce sujet est écarté de la main pour raconter une toute autre histoire. Le prémisse même du film est un simple prétexte pour raconter autre chose.
Au final, c’est un film schizophrène, clairement pas d’horreur, qui se veut être une critique de la condition féminine dans la société patriarco-catholique américaine. Sauf que quand on ne fait rien à part dénoncer sèchement dans le pathos le plus nauséeux et le plus orthodoxe possible, on ne peut pas prétendre à être subversif et encore moins dérangeant.