Au coeur de l'horreur

Demonic

Synopsis

3 étudiants sont retrouvés assassinés à coups de hache dans une maison abandonnée. Le Détective Mark Lewis et le Dr. Elizabeth Klein, expert psychologue de la police, interrogent un suspect, un certain John Ascot, survivant du massacre, qui leur explique ce qui a conduit ce groupe d’amis, chasseurs de fantômes amateurs, à s’aventurer dans cette maison qu’ils pensaient hantée. Il affirme ce faisant n’être pour rien dans le massacre – la maison étant en cause… Les policiers mèneront l’enquête entre interrogatoire du suspect et images récupérées des nombreuses caméras installées par les étudiants.

Critique

Le film débute par la découverte des corps d’adolescents massacrés à coups de hache par un policier. Un survivant est présent, visiblement sous le choc. Dès lors, Frank Grillo le bad-cop-catho-qui-ne-croit-pas-au-paranormal (paradoxal, non ?) et sa coéquipière Maria Bello psychologue-fan-d’horoscope-super-compréhensive-et-diplomate vont interroger le rescapé et essayer de trouver des preuves dans les disques durs retrouvés sur place. On apprend alors que les adolescents étaient des apprentis chasseurs de fantômes venus enquêter dans cette maison, laissée à l’abandon depuis qu’un massacre similaire a eu lieu 20 ans auparavant.

Bon, soyons clairs dès le début : Demonic, ou plutôt The House of Horror (à noter que les deux versions du titre sont aussi nulles et trompeuses l’une que l’autre) lorgne du côté du thriller fantastique. C’est en cela qu’il se démarque quelque peu des productions classiques en jouant une carte un tant soit peu novatrice. En effet, la structure narrative est construite comme une enquête policière : on alterne entre des scènes d’enquête et d’interrogatoire, des flashbacks qui illustrent le témoignage du survivant, également suspect numéro 1, et des séquences de found footage tirées des fichiers qui ont pu être récupérés des disques durs endommagés. Le réalisateur cherche ici à nous proposer tous les avantages du found footage sans ses inconvénients : donner de l’authenticité au paranormal, impliquer d’avantage le spectateur et l’effrayer plus facilement, sans pour autant devoir supporter 30 minutes d’introduction sous forme de film de vacances du Tonton René et des discours aussi profonds que « passe-moi le beurre »… L’intention est donc noble, même si elle avait déjà été touchée du doigt dans le très bon mais très imparfait Sinister.

L’idée de cette structure narrative est assez intéressante mais elle est malheureusement mal exploitée. C’est en partie à cause de l’intrigue qui est aussi WTF que prévisible. Déjà, un thriller est composé de deux éléments : du suspense et des rebondissements. Ici, la moitié du suspense est foutu en l’air dès le début : Dès le générique de début, on apprend qu’il y a eu un massacre dans une maison et qu’elle est réputée hantée. Puis, les 10 minutes qui suivent, on nous apprend qui est mort et de quelle manière : à coups de hache, ce qui exclut plein d’hypothèses possibles sur le déroulement de l’opération. C’est soit un humain qui a fait le coup, soit un imitateur ou un type possédé (mais comme vous avez vu le titre du film avant de décider de le voir, vous savez déjà quelle hypothèse retenir….). Quel thriller ou film policier vous en révèle autant sur l’intrigue dès le début ? A part un épisode de Columbo ? Aucun !

Et c’est là que le bât blesse : rien ne nous surprend dans ce film, ni l’intrigue (on fait tellement tout pour vous faire croire que c’est un personnage le meurtrier que vous savez que ce ne sera forcément pas lui…), ni les jump scares. Ces derniers sont tellement téléphonés qu’on attend simplement qu’ils arrivent pour qu’on passe enfin à autre chose. Vous avez remarqué qu’à force de voir des films d’horreur, on en connaît tous les codes par cœur et qu’on sait toujours à peu près quand on va essayer de nous faire sursauter ? Et bien ça, les réalisateurs s’en sont également rendus compte ! Si bien que, à part quelques rares spécimens un peu plus créatifs que la moyenne, la seule solution qu’ils ont trouvé pour essayer de nous faire encore sursauter, c’est d’allonger la durée d’attente avant le « bouh » convenu. Si bien qu’après quelques décennies à toujours rallonger cette attente, on est arrivé à un délai moyen d’une minute, ce qui est particulièrement pénible et annule tout effet de surprise. Et bien Demonic est un fleuron du genre… On arrive quand même à sursauter, mais c’est plus un spasme de libération et de frustration qu’un réel sursaut. Un peu comme si notre diaphragme disait à notre place : « tout ça pour ça ? »

Autre défaut caractéristique des productions horrifiques actuelles : le melting-pot ! Ces dernières années, les pseudos réalisateurs qui se lancent dans l’aventure ont aussi peu de créativité qu’ils ont de références. On se retrouve donc avec beaucoup de références de genre, voire carrément avec des concepts / séquences spoliées. Demonic confirme encore cette tendance actuelle avec, en vrac : du Rosemary’s Baby, du Sinister, du BlairWitch Project (si, si, y en a encore qui osent…) et tout un tas de plans tellement peu inspirés qu’on finit par se demander si Will Canon n’a pas carrément repris les plans d’autres films pour les intégrer au montage.

Techniquement, Demonic est très moyen : il n’y a strictement aucune audace dans le choix des plans ou dans la lumière. On assiste même à quelques maladresses techniques. Du point de vue du montage, on reste dans du grand classique, avec quelques cuts très brouillons, ce qui est dommage quand on tient compte du choix de structure narrative un tant soit peu innovante. Néanmoins, si l’audace n’est ici pas de mise, nous n’avons pas pour autant affaire à une série B : l’image est très correcte, le tout reste regardable et les effets spéciaux sont tout à fait honorables. Disons que Demonic a le niveau d’un très bon téléfilm, mais pas beaucoup plus.

Je passe sur toutes les incohérences et l’intrigue totalement WTF qui partent littéralement en vrille et perdent toute crédibilité en bout de péloche pour aborder rapidement le casting. Je dis rapidement, car il n’y a pas de quoi s’éterniser. Tous les personnages sont, encore une fois, les stéréotypes habituels des films d’horreur : la blondasse ésotériste assez frivole, le gentil side-kick totalement useless, le beau petit couple parfait constitué du personnage principal bogosse torturé et sa gentille petite amie faire-valoir, l’ex-copain de celle-ci qui est un parfait connard et… la palme d’or du stéréotype limite raciste de ces dernières années : « l’expert en nouvelles technologies » qui est également asocial et amoureux de la blondasse incarnée par… un asiatique (c’était soit ça, soit un gros…) ! Un « Data » made in 2015 (si t’as la référence, tu n’es pas né trop tard). Ajoutez à cette joyeuse bande le duo badcop / goodcop composé de deux quadras qui passent leur temps à flirter et à rivaliser sur celui qui résoudra l’enquête le premier, et vous avez le casting complet d’un film qui vomit sur le principe même de l’originalité. Si encore, les acteurs étaient bons ! Mais non…

Bref, Demonic partait d’un bon concept, est d’une qualité visuelle tout à fait convenable, mais ne casse pas trois pattes à un canard avec son intrigue WTF et son manque cruel d’originalité. Je me suis encore fait piéger par le nom sur l’affiche : James Wan… Pourtant un sacré bonhomme dans ce genre de films (Saw, Insidious, The Conjuring).

Un conseil, quand on met en avant le nom d’un réalisateur sur une affiche mais que ce n’est pas le réalisateur dudit film, et que ce nom n’est pas « Steven Spielberg », n’allez pas voir ce film…

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4

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NOTE

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Informations

Affiche de Demonic

Titre original : The House of Horror

Réalisation : Will Canon

Scénario : Max La Bella, Will Canon, Doug Simon

Casting : Maria Bello, Frank Grillo, Cody Horn, Dustin Milligan, Megan Park, Scott Mechlowicz, Aaron Yoo, Alex Goode…

Pays d’origine : Etats-Unis

Genre : Fantôme

Durée : 83 minutes

Date de sortie : 10 octobre 2017 (Etats-Unis)

Lien IMDB

Lien Allocine

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