Synopsis
Au début du siècle dernier, Edith Cushing, une jeune romancière en herbe, vit avec son père Carter Cushing à Buffalo, dans l’État de New York. La jeune femme est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : « Prends garde à Crimson Peak ». Une marginale dans la bonne société de la ville de par sa fâcheuse « imagination », Edith est tiraillée entre deux prétendants: son ami d’enfance et le docteur Alan McMichael.
Critique
Rares sont les réalisateurs à l’univers aussi singulier que celui de Guillermo Del Toro. Le réalisateur s’est fait remarquer avec son magnifique film Le Labyrinthe de Pan, un conte fantastique à la fois inquiétant et plein de poésie, ancré dans une Espagne marquée par la guerre civile. Un climat social que l’on retrouve également dans l’un de ses premiers films, L’Échine du diable, reflétant chez Del Toro, un goût prononcé pour le genre horrifique. Son genre de prédilection que l’on retrouvera également dans ses nombreuses productions telles que Don’t Be Afraid of the Dark, L’Orphelinat, Mamà ou encore la série télévisée The Strain. Dernièrement, Guillermo Del Toro s’est essayé à la réalisation de films plus grand public, signant à la suite Hellboy 2 et le blockbuster Pacific Rim. Ce dernier film eu un accueil mitigé auprès du public occidental, mais fut un véritable carton auprès des chinois et japonais, plus sensibles à l’univers Kaijū. La filmographie de Del Toro reste cependant cohérente et est motivée par le désir de mettre en images des créatures légendaires. Avec Crimson Peak, Guillermo Del Toro décide de revenir à un style plus personnel, à l’univers gothique et horrifique, renouant avec des idées déjà développées dans L’Échine du Diable.
L’histoire se situe dans une région montagneuse en plein XIXe siècle. Le travail sur le décor et les costumes est impressionnant. La maison hantée devient un personnage à part entière et à l’identité propre. Elle prend vie et corps au point que les personnages ressentent ses respirations. Ainsi, tout le travail sonore est extrêmement soigné, si bien que les différents sons, souvent inquiétants, qui se dégagent de la maison, lui donnent vie. D’ailleurs, cette fameuse maison est sûrement l’élément le plus important du film et pourrait sans doute expliquer le fait que Crimson Peak ait mis tant de temps à se faire. En effet, Guillermo Del Toro a insisté pour fabriquer cette demeure de toutes pièces, ayant en tête chaque détail. Une ambition qui demande un certain budget (le film a coûté environ 50 millions de dollars) et un temps de préparation conséquent.
Crimson Peak est avant tout un film esthétique. On est même face à un véritable chef d’œuvre visuel. Les idées de mise en scène, le travail sur les couleurs et leurs textures, la représentation de l’époque, la construction des décors, la conception des costumes… Tous ces éléments s’épousent avec harmonie et nous offrent un film tout simplement somptueux. Outre le travail sur la demeure, le réalisateur la situe sur une montagne d’argile rouge sang. Une couleur vive qui vient contraster avec le blanc de la neige recouvrant la montagne. Un symbole esthétique puissant, mettant en avant la pureté de notre personnage face à l’atmosphère sanglante qui se dégage de la maison. On le savait, Guillermo Del Toro est un réalisateur bourré de talent, à l’univers atypique, et le confirme une nouvelle fois avec ce nouveau film. Crimson Peak est sûrement l’œuvre la plus aboutie du réalisateur.
Crimson Peak traite de l’amour sous toutes ses formes. Edith Cushing est une jeune romancière qui vit avec son père à Buffalo, dans l’état de New-York. La jeune femme a la faculté de voir les morts. Elle est hantée par différents esprits, en particulier celui de sa mère qui cherche à la mettre en garde contre Crimson Peak. Edith est une femme convoitée à la fois par son ami d’enfance, le docteur Alan McMichael, et un nouveau venu au charme ravageur, Sir Thomas Sharpe, avec qui elle partage le goût de l’écriture. Après la mort tragique de son père, Edith se réfugie dans les bras de Thomas Sharpe, qui l’emmène vivre dans sa demeure familiale en Angleterre, où il séjourne avec sa sœur Lady Lucille Sharpe. Une demeure située sur une carrière souterraine dont l’argile rouge sang suinte à travers la montagne, lui valant le nom de Crimson Peak. Dans cette histoire, Guillermo Del Toro explore les différentes facettes du sentiment amoureux, que ce soit à travers une relation de couple ou des relations familiales. Un sentiment merveilleux qui peut toutefois s’avérer totalement destructeur, laissant parfois place à de la haine. Un aspect traité avec beaucoup de sensibilité et de subtilité de la part du réalisateur.
Les innocents et La maison du diable sont deux films qui ont marqué l’esprit de Guillermo Del Toro. Malgré ces influences, Crimson Peakn’est pas un film hommage et se concentre essentiellement sur le sentiment amoureux, basant toute la narration sur une romance gothique. Et c’est peut-être l’un des problèmes majeurs du film car on finit par s’interroger sur l’utilité et la justification de ces présences fantomatiques. Mis à part la volonté de développer un univers intrigant, effrayant et somptueux, la présence des fantômes n’est au final qu’un détail scénaristique. Un procédé classique dont l’utilité se cantonne à une mise en garde. C’est d’ailleurs la conclusion du film, qui rappelle que les esprits hantent les lieux quand ils sont empreints d’un désir de vengeance. Une approche classique alors qu’on aurait souhaité un développement plus poussé de la part du réalisateur.
Crimson Peak est un conte fantastique qu’on aurait pu lire étant enfant. On a presque la sensation de voir l’adaptation d’un livre à l’écran, qui aurait pu être écrit par Charles Perrault. Seulement, on anticipe facilement les grandes ficelles de l’histoire et on n’échappe malheureusement pas à quelques moments d’ennui, en particulier lors de l’exposition du film, au rythme un peu trop lent. Mais cet aspect est vite contrebalancé par des comédiens tout simplement excellents. La confrontation féminine entre Jessica Chastain et Mia Wasikowska opère à merveille et la performance de Tom Hiddleston est incroyable, oscillant entre un esprit manipulateur troublant et une sensibilité amoureuse extrêmement touchante.
Malgré quelques réserves, ce nouveau film de Guillermo Del Toro est un véritable bijou du 7ème art. Rares sont les films avec une aura et une empreinte visuelle aussi prononcées. L’homme nous partage son univers non seulement grâce à ses réalisations, mais est également parvenu à nous surprendre avec ses productions. Même ses projets de films d’animation font preuve d’une originalité appréciable. C’est le cas par exemple du film Les Cinq Légendes ou dernièrement le génialLa Légende de Manolo.
Guillermo Del Toro ne cesse de nous surprendre. Vivement le prochain film !
77
10
NOTE
Informations
Crimson Peak
Titre original : Crimson Peak
Réalisation : Guillermo del Toro
Scénario : Guillermo del Toro, Matthew Robbins
Casting : Mia Wasikowska, Tom Hiddleston, Jessica Chastain…
Pays d’origine : Etats-Unis / Canada
Genre : Film de possession
Durée : 119 minutes
Date de sortie : 14 octobre 2015
1 commentaire
La première fois que j’ai vu la bande annonce, j’avais hâte qu’il sorte. J’aime beaucoup cette ambiance et les images m’ont hypnotisé.
Mais voilà, je vis dans le trou du cul du monde et mon cinéma ne passe pas ce genre de film, d’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’ils font le coup. Donc je suis super dégoûtée et il va falloir que j’attende la sortie DVD.