Synopsis
Critique
On est toujours confronté au même problème face à un remake de film d’horreur : quelle est la légitimité de celui-ci ? Lorsqu’il s’agit de revisiter des anciennes œuvres cultes, parfois oubliées du grand public, cela s’avère justifié. On constatera en revanche que ceux-ci sont rarement réussis. Ainsi, sans même avoir vu les films, certaines annonces de remake ont de quoi nous désoler. C’était le cas dernièrement avec le film Martyrs de Pascal Laugier, réalisé par les frères Goetz. L’œuvre de Pascal Laugier ne date pourtant que de 2008, et même la jeune génération qui découvre le film aujourd’hui est encore frappée par sa violence et son audace. Résultat, un remake fade et allégé, dépouillé du caractère subversif du film d’origine. Cette sensation de remake inutile se répète à nouveau avec l’arrivée de ce nouveau Cabin Fever, réalisé par Travis Nicholas Zariwny. Et même si l’on pouvait espérer une approche un tant soit peu intéressante, sachant que le film est chapeauté par Eli Roth lui-même (réalisateur du film original), ce remake ne parviendra jamais à trouver son rythme.
On s’interroge vraiment sur l’utilité d’un tel remake. Le film original d’Eli Roth était déjà un hommage à un certain cinéma de genre des années 70/80. On y retrouvait de nombreuses références, d’Evil Dead de Sam Raimi, avec ce décor de la cabane, à The Thing de John Carpenter dans les relations paranoïaques entre les personnages. Le film de Travis Nicholas Zariwny est un copié/collé de l’original. On retrouve exactement les mêmes séquences et les mêmes situations. Seuls quelques personnages ont changé (le vieil homme de la station-service ou le personnage du policier). Contrairement au remake d’Evil Dead de Fede Alvarez, qui parvenait à se démarquer grâce à une réalisation soignée, une histoire et des personnages légèrement revisités, Cabin Fever reprend ligne par ligne son modèle. Le plus navrant, c’est que ce remake, dépourvu d’ambition, parvient même à effacer tout l’humour et le second degré du film original. Tandis que le film d’Eli Roth enchaînait les situations cocasses provoquées par des personnages totalement dépassés et maladroits (tout en restant attachants), le remake enlève toute crédibilité à ces fameuses séquences. Chaque réaction et décision de nos personnages est incompréhensible et ridicule. La scène la plus marquante est celle du meurtre “accidentel” de l’homme infecté. Lors de cette séquence, Eli Roth parvenait à rendre la situation à la fois drôle et crédible. Une succession de mauvaises décisions et de panique qui font que la situation tourne à la catastrophe. Dans cette nouvelle version, le rythme de la séquence est mal maîtrisé, le rapport à l’espace est dénaturé et on a du mal à comprendre ce qu’il s’y passe.
On se rend compte qu’entre la réussite du film d’Eli Roth et la déception de ce remake, tout est une question de rythme. Un montage et un découpage mal maîtrisés entraînent toutes les séquences vers le bas. On le remarquera une nouvelle fois lors de la séquence finale, beaucoup plus attendue et du coup moins surprenante.
On soulignera tout de même l’efficacité des scènes gores. La contamination du virus sur la peau nous offre des séquences bien trash, portées par des effets spéciaux convaincants, une musique inquiétante et une lumière très contrastée, parfaite pour souligner l’horreur des scènes. Bizarrement, cette partie du film où l’horreur explose suffit à nous divertir et à combler notre appétit sadique.
Même si tout n’est pas à jeter, on vous conseillera de retourner au film original. D’autant plus que celui-ci reste l’un des meilleurs films d’Eli Roth, qui ne cesse de nous décevoir au fur et à mesure de ses réalisations. Et ne parlons pas de ses productions audiovisuelles (Hemlock Grove ou South of Hell) qui sont de véritables catastrophes !
55
10
NOTE
Informations
Cabin Fever
Titre original : Cabin Fever
Réalisation : Travis Zariwny
Scénario : Randy Pearlstein, Eli Roth
Casting : Gage Golightly, Matthew Daddario, Nadine Crocker, Dustin Ingram…
Pays d’origine : Etats-Unis
Genre : Contagion
Durée : 99 minutes
Date de sortie : 12 Février 2016 (USA)