Synopsis
Au cœur d’une apocalypse zombie, une mère est arrachée à sa fille. Elle commence une longue aventure pour la retrouver à travers un monde hostile.
Critique
Les séries d’horreur, et en particulier celles traitant de zombies, inondent nos écrans ces dernières années. Suite au succès de The Walking Dead, nous faisons face à une vague de zombies avec des séries telles que Fear the walking dead (prequel de TWD) ou Z Nation. La plate-forme Netflix se lance également dans le genre avec la série coréenne Kingdom (qui est une très bonne série) et désormais la toute récente Black Summer. Cette dernière est présentée comme un prequel de Z Nation, ce qui a de quoi étonner au vu de la différence de ton entre les deux séries. Et cela n’a d’ailleurs aucune importance car aucun lien ne sera fait dans la série avec celle de SyFy..
Soyons franc dès le début : Black Summer n’a strictement rien à raconter. Pas de revisite de la figure du zombie, pas de personnages intéressants, pas d’univers innovant, à peine une bribe de scénario. L’objectif des personnages : atteindre le stade sportif de la ville où se situe l’armée, chargée de transférer la population en lieu sûr. Ainsi, un groupe de survivants se forme et s’entraide pour atteindre le stade.
Il ne s’agit là que de survie face aux zombies. Uniquement de survie. Au point que certains épisodes se contentent d’une simple course poursuite dans les rues entre un personnage et un zombie. On pourrait ainsi parler de série de zombies minimaliste. Les personnages parlent très peu et le peu de dialogues offerts reflètent un développement insipide. Les situations s’enchaînent de façon très linéaires et certaines scènes trahissent le manque de budget. La série manque parfois de cohérence entre la situation actuelle et l’évolution décrite dans le temps. Par exemple, l’infection des zombies a commencée depuis 4 semaines et des personnages en voiture se font attaquer en pleine ville pour leur essence. Pourtant, tous les autres véhicules fraîchement abandonnés sont sur place.
Avec un tel postulat, vous penserez qu’il n’y a rien à rattraper dans cette nouvelle série de zombies. Et pourtant, Black Summer hypnotise et parvient à capter suffisamment le spectateur tout le long de la saison. Aidée par un format très court, 30 min en moyenne par épisode, voire même 20 min sur la fin, la série se dévore facilement.
Le gros point fort de la série repose sur la mise en scène. De très longs plans et de nombreux plans-séquences. Si un tel choix s’explique avant tout par un souci d’économie de moyens, d’une volonté de tourner rapidement, la plupart de ces plans sont réellement bien chorégraphiés et s’avèrent être un choix judicieux. La mise en scène appuie l’aspect linéaire de la narration et apporte davantage de réalisme aux séquences. On n’est pas loin du style documentaire, avec un cadreur qui suit les personnages en temps réel. On scrute le moindre mouvement des personnages et on s’amuse à les anticiper, les commenter, les vivres avec eux. La série s’adapte à son faible budget et parvient à créer quelques séquences spectaculaires. Même si l’on ressent parfois les difficultés de tournage (l’attaque des zombies sur une voiture qui est censée rouler à vive allure, avec des sons de moteurs de formule 1, alors que celle-ci roule à peine à 30km/h.), la série est généreuse et fait preuve d’une agréable ambition. On notera en particulier le dernier épisode qui est impressionnant dans sa mise en scène. Un vrai foutoir où de nombreux survivants se retrouvent mêlés aux zombies. Nul besoin de centaines de figurants pour créer l’effet voulu. L’épisode est très efficace.
Même si l’on sent bien que la série nous emmène nulle part, celle-ci parvient à nous offrir assez de situations différentes et divertissantes. On notera en particulier un épisode dans une école abandonnée où des enfants font la loi, ou encore l’épisode dans un repaire enfoui dans un hangar, sorte de boîte de nuit clandestine ou règne le sexe et la drogue. L’un des rares épisodes où l’enjeu est primordial et où la tension est à son comble.
Black Summer est à l’opposé de The Walking Dead. Le danger de TWD repose sur la masse des zombies qui entoure les personnages. Dans Black Summer, les zombies courent vite et un seul d’entre eux peut être fatal. D’autant plus que les personnages ne sont pas forcément armés, moins aguerris que dans TWD, et n’ont pas l’air de comprendre qu’il faut tirer dans la tête des zombies. On reprendra ainsi l’exemple de l’épisode qui se concentre uniquement sur la course poursuite entre un zombie et un survivant. Un épisode à la fois burlesque et angoissant où la seule issue pour le personnage reste la fuite.
Là où TWD s’évertue à développer chaque personnage, parfois dans de pompeux dialogues (on se souvient de l’épisode interminable où Rick discute avec le gouverneur…), Black Summer se contente de répliques lapidaires. Et finalement, on se demande si ce n’est pas ça la vraie survie. La volonté de s’entourer d’autres personnes pour mieux survivre, sans forcément avoir envie d’apprendre à les connaître. Voir les autres seulement comme un atout en restant égoïste. Ce qui n’empêche pas les personnages de faire parfois preuve d’altruisme et de s’attacher aux autres, sans se soucier de leur passé respectif. Très peu de place aux sentiments dans Black Summer. On sent que n’importe quel personnage peut mourir à tout moment sans que l’on ne s’attarde ni s’apitoie sur son sort.
Pour conclure, Black Summer ne révolutionne pas le genre, loin de là, mais il faut saluer la générosité de la série et son ambition. Des atouts suffisamment agréables pour regarder la saison sans peine. Une série que l’on consomme avec un plaisir coupable.
66
10
NOTE
Informations
Black Summer
Créée par : Karl Schaefer, John Hyams
Acteurs : Jaime King, Justin Chu Cary, Christine Lee
Nationalité : Américaine
Genre : Horreur/Zombie