Synopsis
Cinq étrangers, deux jeunes mariés serial-killers, un flic suicidaire ainsi qu’un frère et une sœur en cavale vont devenir à la fois suspects et victimes lorsqu’un meurtrier masqué fait son apparition dans une maison d’hôtes isolée à la montagne.
Critique du Druide
Il y a bien longtemps qu’un film ne m’avait pas fait cet effet… Voilà une entrée en matière bien mystérieuse, mais qui cache une vraie surprise. Powell Robinson et Patrick Robert Young, les deux co-réalisateurs, ont en effet pris de gros risques en choisissant de sortir du cercle des court-métrages avec ce film. Mais alors, ce propos cache t-il une bonne ou une mauvaise surprise ? Il est ma foi plutôt rare de me voir le présenter ainsi, mais cela dépendra réellement du spectateur. En somme, ce film pourra soit être un excellent moment de fun, soit une énorme déception. Explication…
Ce film se présente comme un patchwork de références sans budget à l’esprit faussement parodique. On y suit la destinée de trois couples qui verront leurs chemins se croiser au péril de leur vie. Et comme l’affiche l’annonce, les plus chanceux partiront les premiers. C’est ainsi que le spectateur découvre un couple de tueurs qui ne seront pas sans rappeler Mickey et Mallory Knox, un couple de jeunes fugueurs au lourd secret et un couple d’homosexuels en pleine crise conjugale. La façon dont est construit le film fait presque penser à un scénario à sketchs, tant la place que prennent les protagonistes lorsque la caméra se pose sur eux les positionne en personnages principaux. Maladroitement amenée, cette croisée des chemins, si elle prend une place prépondérante dans l’acceptation du récit, sera inévitablement un premier élément rédhibitoire. N’y ayant pas trop accordé d’importance, j’ai facilement poussé plus loin mon visionnage. On peut du reste se régaler des diverses références faites à des standards du genre : Tueurs Nés de Oliver Stone, La saga Vendredi 13 ou encore plus subtilement Cabin Fever d’Eli Roth et Wrong Turn de Rob Schmidt. De petits clins d’œil peut-être mal exploités, mais qui me rendent furieusement addict (comme l’avait fait Condemned d’ailleurs). Je concède tout de même qu’au-delà de cet hommage, le scénario se perd malheureusement en confusions et en approximations. On a du mal à saisir où le récit veut nous emmener. On comprend vite qu’il s’agit d’une construction propre aux Slashers mais sans réellement l’assumer. C’est donc un joyeux flou artistique qui s’offre à nous. Et c’est face à cette déviance narrative que l’avis de chacun se fera réellement: Soit on prend cette œuvre pour ce qu’elle dégage, et comme moi on passera un bon moment, très WTF, soit on le prend pour ce qu’elle est, de façon très prosaïque et on ira droit dans le mur. Faites votre choix…
Ça reste un bon film dans son ensemble. Même s’il se montre maladroit à certains moments, ce ne serait pas vraiment honnête de ranger ce film uniquement dans la case des machines à sous. Il y a vraiment un désir de bien faire et de faire du neuf avec du vieux sans trop se détacher du téléfilm ou du livre. Le film arrive à se réinventer et colle très bien avec les exigences de notre époque.
Critique de Kruger
Certaines séries B ont le mérite d’être bourrées de bonnes intentions, d’ambition, et dotées d’un véritable amour du genre. Tel est le cas avec le film Bastard, réalisé par Powell Robinson et Patrick Robert Young, dont nous vous parlons aujourd’hui.
Le film s’ouvre de façon fracassante et nous présente deux personnages savoureux, semblant sortis tout droit de l’univers de Tarantino. Un couple d’assassins musiciens qui parcourt la route pour jouer de la musique et assouvir leur soif de meurtre. D’une décontraction déconcertante, ce couple a des valeurs particulières et enchaîne les meurtres sans remords. Un esprit décalé, un second degré très appréciable, un rythme soutenu et un déferlement de violence que tout bon psychopathe (tel que moi) apprécie à sa juste valeur. Même si cette introduction est parfaite, le film s’évertue à nous présenter tous les personnages un à un, dans un premier temps sans aucun lien, au point de perdre le spectateur. Le rythme ralentit considérablement et on se demande où le film nous emmène. La réponse est simple, tous ces personnages se retrouveront au même endroit, au même moment, pour subir la folie de notre bourreau. Cette multitude de personnages et les nombreuses ruptures de rythme sont les premiers défauts de ce film. Trop de personnages implique qu’on ne prend malheureusement pas le temps de les développer. Et cela s’avère dommageable à l’image de cet ancien policier, dépressif, suicidaire et homosexuel. Un personnage intéressant qui aurait mérité d’être plus approfondi. Mais c’est sur des personnages beaucoup plus classiques (la jeune fille introvertie) que le film décide de bâtir toute son intrigue.
Dans un premier temps traité de manière originale, le scénario va très vite retrouver le schéma d’un slasher classique et assez ennuyant. Il faut tout de même reconnaître que le film utilise brillamment son faible budget, propre aux séries B. Les scènes gores sont très efficaces et pourtant, on ne voit jamais l’acte en lui-même, mais le résultat du massacre. Concrètement, à l’aide du montage et du hors-champ, on ne voit pas les armes des crimes pénétrer la chair, mais le résultat sur les victimes une fois massacrées (mâchoire tranchée, crâne explosé…). À l’exception d’une scène véritablement marquante, diffusée en un seul plan sous forme de projection de cassette vidéo sur une télévision où un nouveau-né est extirpé du ventre de sa mère à l’aide d’un couteau. Non seulement cette scène est brutale et dérangeante, mais elle apporte toute la substance et le sens du film.
Alors oui, Bastard manque clairement de subtilité, s’embourbe parfois dans des situations incohérentes et perd son spectateur dans une structure scénaristique mal maîtrisée (la dernière scène du film est facile et inutile..). Cependant, force est de reconnaître que nos deux réalisateurs font preuve d’un second degré appréciable, et nous proposent un film tellement généreux qu’on ne peut se permettre de le casser gratuitement !
6 55.5
10
Note du Druide
Note de Krueger
Informations
Bastard
Titre original : Bastard
Réalisation : Powell Robinson, Patrick Robert Young
Scénario : Patrick Robert Young
Casting : Rebekah Kennedy, Ellis Greer, Dan Creed…
Genre : horreur
Durée : 82 minutes
Pays d’origine : États-Unis
Date de sortie : 18 octobre 2015 (Etats-Unis)