Au coeur de l'horreur

Excess Flesh

Synopsis

Complexée par quelques rondeurs, Jill multiplie les régimes et les privations. Mais lorsque Jennifer, sa colocatrice top model, commence les brimades, Jill décide de se venger et séquestre sa camarade.

Critique

Excess Flesh est un film d’auteur indépendant réalisé par un jeune réalisateur, Patrick Kennely (Body and Blood, Ten Minutes in Two Hours…). Ce petit prodige nous présente aujourd’hui son premier long métrage, Excess Flesh, qui est le genre de film qui propose une véritable réflexion. Celui-ci provoque en nous deux étapes. La première, se traduit par un sentiment d’ennui lors de la projection. D’ailleurs, le public ne fut pas des plus conquis et la moitié de la salle quitta les lieux dans le silence, et ce, malgré la présence du réalisateur pour débattre en fin de séance. La deuxième étape survient le lendemain, lorsque toutes les pistes de réflexion du film nous sautent aux yeux. Excess Flesh est de ceux qui occupent votre esprit longtemps après la projection.

Parlons de ce fameux sujet : le film évoque la chair. Plus précisément, la torture féminine infligée par les codes physiques et esthétiques de notre société. Très actuel, le scénario prend comme contexte le monde de la mode et du mannequinat. Ce postulat est pertinent et a le mérite de s’attaquer à un problème de société. Qui n’a jamais entendu parler de ces nombreux faits divers où des mannequins affamés deviennent anorexiques au point de mettre en danger leur santé?

Excess Flesh met en scène l’histoire de Jill, complexée par ses rondeurs. Celle-ci multiplie les régimes et les frustrations. Elle ne peut, bien évidemment, pas compter sur l’aide de sa jolie colocataire Jennifer qui est top model. Conforté par Jennifer dans son mal-être, Jill va se venger et séquestrer sa camarade.

En tant que nana bien charnue multipliant les régimes drastiques tout au long de l’année, je peux aisément comprendre la frustration d’être tiraillée entre un idéal physique et une gourmandise de bonne vivante. Je semble être la cible parfaite pour ce film. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le film ne s’adresse pas uniquement à la gent féminine. Les actrices font une si bonne performance qu’il est facile d’avoir de l’empathie, du dégoût et parfois même de l’indulgence. La preuve est la présence des murmures de la salle : « elle est pas si grosse quand même ! ». Voilà un film qui ne laisse pas indifférent, même chez les hommes.

Revenons à nos actrices, qui réalisent une interprétation hors pair. Toutes deux s’élèvent l’une et l’autre et forment un duo flamboyant dont la complicité transpire à l’écran. On se souviendra de la scène où Bethamy Orr interprète Jill en pleine crise nerveuse de boulimie, se punissant à coup de TOC à claque. La dernière partie du film offre un terrain de jeu incroyable et nos deux rousses expriment parfaitement la situation glauque et incontrôlable qu’elles vivent.

Dans Excess Flesh, impossible d’échapper à notre rapport excessif et contradictoire à la nourriture. On bouffe et on engloutit. Si bien que notre réalisateur multiplie les plans serrés sur des bouches glamours devenant de véritables gueules à déchiqueter. Des crackers qui éclatent sous les dents par-ci, des poulets juteux qui dégoulinent sur le rouge à lèvre par-là, des macaronis aux fromages dans de grandes cuillères bien grasses etc… L’idée est de renforcer cette réflexion entre chair / nourriture / torture /  frustration / addiction. Ok, on a compris le message, mais les nombreux plans finissent par alourdir le film. On peut penser que notre auteur a eu quelques difficultés concernant le développement de son histoire. L’exposition et le dénouement semblent avoir été parfaitement pensés, alors qu’entre les deux, le film manque de substance.

D’un point de vue artistique, la lumière et la photographie manquent cruellement de corps. Excess Flesh pèche par son esthétique faiblarde et blafarde. L’appartement des filles semble aussi vide et impersonnel que la chambre d’un hôtel prêté pour un tournage. Cependant, le plus gros point faible du film, et pas des moindres, reste la fin. Celle-ci fournit un twist schizophrénien déroutant et incohérent.

À coup sûr, Excess Flesh ne fera pas l’unanimité. Le mécontentement des spectateurs s’est suffisamment fait ressentir à la fin de la projection. Excess Flesh a néanmoins le mérite d’occuper votre cerveau un bon moment pour vous permettre de prendre du recul. Ainsi, malgré de nombreux défauts, Excess Flesh affiche une ambition indéniable et reste donc dans la liste des films à voir quoi qu’il arrive.

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5

10

NOTE

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5

Informations

Affiche d'Excess Flesh

Titre original : Excess Flesh

Réalisation : Patrick Kenelly

Scénario : Patrick Kenelly, Sigrid Gilmer

Casting : Bethany Orr, Mary Loveless, Wes McGee..

Pays d’origine : Etats-Unis

Genre : Horreur

Durée : 103 minutes

Date de sortie : 8 septembre 2015

Lien IMDB

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