Au coeur de l'horreur

Horns

Synopsis :
Accablé par la mort de sa petite amie, Ignatius est accusé de l’avoir tuée et finit rejeté par tous. Un matin, il se réveille avec des cornes sur le front qui lui confèrent le pouvoir de révéler les plus sombres secrets des gens qu’il croise. Il décide alors d’utiliser ses nouvelles facultés pour trouver l’assassin.

Critique :

Alejandre Aja est l’un des rares réalisateurs français à s’être accommodé au système de production hollywoodien, pourtant peu respectueux de la philosophie de « l’auteur » à la française. Cette adaptabilité tient très certainement à son expérience avec Europacorp, producteur de son second film, Haute Tension. Il semblerait en effet que ce soit Luc Besson en personne qui ait imposé au réalisateur ce twist final improbable qui dénature l’esprit du film. Fort de cette expérience, Alexandre Aja était tout naturellement armé pour se frotter aux producteurs hollywoodiens pour qui la notion de « director’s cut » n’est qu’un simple argument marketing visant à doper les ventes DVD. Après l’échec commercial de Maniac, Alexandre Aja tente de renouer avec le succès en adaptant le best-seller éponyme de Joe Hill. Une intrigue policière inspirée de Twin Peaks qui offre l’occasion au réalisateur français de se frotter au thriller.

L’influence de David Lynch, revendiquée par Alexandre Aja dans ses différentes interviews (il a notamment choisi comme directeur de la photographie Frederick Elmes, qui a oeuvré sur Blue Velvet et Sailor et Lula), se fait sentir dès les premières minutes du film. La caméra filme en plongée le couple idyllique formé par Ignatius et Merrin dans une forêt verdoyante, pour ensuite dévoiler « l’envers du décor » à l’aide d’un mouvement de caméra rotatif qui traverse le sol de la forêt et fait basculer l’action dans l’appartement d’Ignatius. Cette séquence fait directement écho à celle de Blue Velvet où le paysage champêtre de la campagne dissimule une réalité sombre et putride, symbolisée par les insectes grouillants qui habitent le sol. Mais en ajoutant ce basculement rotatif, Alejandre Aja semble indiquer une inversion des valeurs, le passage à un monde où tous les repères sont bouleversés et inversés. Ce que confirme peu après l’apparition des cornes d’Ignatius qui opèrent un changement de statut, marquant le passage d’une figure angélique (celle du couple baigné d’une lumière blanche divine) à une figure maléfique (celle du diable dans l’atmosphère feutrée de l’appartement). Tout comme David Lynch, Alexandre Aja entend dénoncer l’apparente bienveillance et tranquillité d’une petite ville des Etats-Unis.

Horns se situe à la croisée de différents genres, empruntant les codes du thriller, de la comédie et du fantastique. Mais Alexandre Aja ne parvient pas à créer une alchimie entre tous ces éléments disparates. Les genres semblent davantage se juxtaposer, voire se parasiter, que véritablement se compléter pour former une œuvre cohérente. Ainsi, le premier acte prend le chemin de la comédie satirique et s’apparente à une version trash du film The invention of lying de Ricky Gervais (qui dépeint un monde où le mensonge n’existe pas, chacun étant contraint de dire la vérité). Ignatius, est confronté de manière brutale aux révélations intimes et crues de ses concitoyens et de sa famille, découvrant avec stupeur une violence et une noirceur insoupçonnées. Ces saynètes sont autant d’occasions pour le cinéaste de briser les conventions sociales et de jouer sur la confrontation entre des individualités libérées de toute retenue (adieu la politesse). Mais cette partie est beaucoup trop superficielle et répétitive pour réellement convaincre. Surtout, Alexandre Aja se complaît dans un humour noir lourdaud et racoleur qui repose principalement sur des révélations scabreuses (comme lorsqu’une femme mariée d’une quarantaine d’années lui confesse tromper son mari et confirme les rumeurs sur certaines spécificités anatomiques des « personnes de couleur ». Le tout illustré bien entendu par une levrette endiablée…). Cette longue introduction, digne d’une comédie potache, cède finalement la place à l’intrigue policière. Ignatius décide de se servir des facultés offertes par ses cornes pour mener sa propre enquête et découvrir l’identité du meurtrier.

Malheureusement, l’enquête parvient difficilement à capter l’attention du spectateur tant la parenté avec Twin Peaks est prononcée. Tout gravite autour de la jeune Merrin qui, comme dans l’œuvre de David Lynch, sera l’incarnation du désir masculin (tout le monde est amoureux de Merrin. Mais bon, faut les comprendre, y a que deux meufs dans la ville…). David Lynch avait toutefois su envelopper son intrigue d’un mystère insondable et instaurer une ambiguïté autour du personnage de Laura Palmer. Une complexité que refuse Alexandre Aja, préférant un personnage lisse et angélique malgré les différents indices contraires qui parsèment le film et introduisent le doute (notamment la symbolique des cornes du cocu). Au lieu d’assumer pleinement son entreprise critique (la relation entre Ignatius et Merrin est-elle si idyllique ? Ne cache-t-elle pas une part d’ombre ?), Alexandre Aja ne fait que confirmer l’ingénuité et la mièvrerie de la première scène. En refusant de déconstruire cette relation, il dissout toute ambition critique et se cantonne à un premier degré plombant. Un traitement d’autant plus décevant que le véritable enjeu du film n’est pas tant de connaître l’identité du tueur (l’intrigue est beaucoup trop classique) que de savoir qui était réellement Merrin.

Au final, Horns est très certainement le projet artistique le plus ambitieux d’Alexandre Aja mais paradoxalement l’un des moins aboutis. La référence à David Lynch est beaucoup trop superficielle et se borne à quelques éléments diégétiques (le cadre, l’intrigue…). A aucun moment Alexandre Aja ne parvient ne serait-ce qu’à effleurer la complexité de sa source d’inspiration, préférant livrer au spectateur toutes les clés d’interprétations. En témoigne la voix off didactique et dispensable de Daniel Radcliff qui commente les différentes symboliques chrétiennes qui apparaissent à l’écran. La symbolique est alors diluée dans la parole et ne devient qu’une vaine représentation littérale. Ce choix est peut être guidé par la volonté de toucher un public large, mais il fait de Horns un film conformiste, bien loin de l’œuvre iconoclaste annoncée.

Synopsis : Accablé par la mort de sa petite amie, Ignatius est accusé de l’avoir tuée et finit rejeté par tous. Un matin, il se réveille avec des cornes sur le front qui lui confèrent le pouvoir de révéler les plus sombres secrets des gens qu’il croise. Il décide alors d’utiliser ses nouvelles facultés pour trouver l’assassin. Critique : Alejandre Aja est l’un des rares réalisateurs français à s’être accommodé au système de production hollywoodien, pourtant peu respectueux de la philosophie de « l’auteur » à la française. Cette adaptabilité tient très certainement à son expérience avec Europacorp, producteur de son second film, Haute Tension. Il semblerait en effet que ce soit Luc Besson en personne qui ait imposé au réalisateur ce twist final improbable qui dénature l’esprit du film. Fort de cette expérience, Alexandre Aja était tout naturellement armé pour se frotter aux producteurs hollywoodiens pour qui la notion de « director’s cut » n’est qu’un simple argument marketing visant à doper les ventes DVD. Après l’échec commercial de Maniac, Alexandre Aja tente de renouer avec le succès en adaptant le best-seller éponyme de Joe Hill. Une intrigue policière inspirée de Twin Peaks qui offre l’occasion au réalisateur français de se frotter au thriller. L’influence de David Lynch, revendiquée par Alexandre Aja dans ses différentes interviews (il a notamment choisi comme directeur de la photographie Frederick Elmes, qui a oeuvré sur Blue Velvet et Sailor et Lula), se fait sentir dès les premières minutes du film. La caméra filme en plongée le couple idyllique formé par Ignatius et Merrin dans une forêt verdoyante, pour ensuite dévoiler « l’envers du décor » à l’aide d’un mouvement de caméra rotatif qui traverse le sol de la forêt et fait basculer l’action dans l’appartement d’Ignatius. Cette séquence fait directement écho à celle de Blue Velvet où le paysage champêtre de la campagne dissimule une réalité sombre et putride, symbolisée par les insectes grouillants qui habitent le sol. Mais en ajoutant ce basculement rotatif, Alejandre Aja semble indiquer une inversion des valeurs, le passage à un monde où tous les repères sont bouleversés et inversés. Ce que confirme peu après l’apparition des cornes d’Ignatius qui opèrent un changement de statut, marquant le passage d’une figure angélique (celle du couple baigné d’une lumière blanche divine) à une figure maléfique (celle du diable dans l’atmosphère feutrée de l’appartement). Tout comme David Lynch, Alexandre Aja entend dénoncer l’apparente bienveillance et tranquillité d’une petite ville des Etats-Unis. Horns se situe à la croisée de différents genres, empruntant les codes du thriller, de la comédie et du fantastique. Mais Alexandre Aja ne parvient pas à créer une alchimie entre tous ces éléments disparates. Les genres semblent davantage se juxtaposer, voire se parasiter, que véritablement se compléter pour former une œuvre cohérente. Ainsi, le premier acte prend le chemin de la comédie satirique et s’apparente à une version trash du film The invention of lying de Ricky Gervais (qui dépeint un monde où le mensonge n’existe pas, chacun étant contraint de dire la vérité). Ignatius, est confronté…

4

10

NOTE

4

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Date de sortie : 1 octobre 2014

Réalisateur : Alexandre Aja

Scénario : D’après un roman de Joe Hill

Acteurs : Daniel Radcliffe, Max Minghella, Joe Anderson …

Genre : Fantastique , horreur

Pays d’origne : États-Unis

Durée : 1h59

Horns

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1 commentaire

Lisa 16 octobre 2014 at 17 h 29 min

Twin Peaks et Mandy Lane pour le côté intouchable que tout le monde aime ?

Ca ne me donne vraiment pas envie si tu me dis que Merrin ne cache aucun secret. La force de Laura Palmer justement.

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