Durée : 1h29 environ
Réalisateur : Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett
Acteurs : Allison Miller, Zach Gilford, Sam Anderson
Genre : Horreur, Found Footage
Pays d’origine : États-Unis
Synopsis :
« Suite à une soirée bien arrosée lors de leur lune de miel, deux jeunes mariés doivent gérer une grossesse survenue plus tôt que prévu. Alors que le futur père choisit d’immortaliser les neuf mois à venir en filmant sa femme, il découvre que celle-ci adopte un comportement de plus en plus inquiétant, témoignant de changements profonds aux origines à la fois mystérieuses et sinistres… » (Synopsis Allociné)
Critique :
Autant le dire tout de suite, The Baby, dont le titre original est Devil’s Due (on pourra encore une fois se poser la question de la nécessité de modifier un titre original pour en donner un autre en anglais), ne révolutionne pas le genre, bien au contraire. Nous nous retrouvons une fois encore face à un film qui multiplie les influences et essaye tant bien que mal d’en faire un melting-pot plus ou moins réussi.
Sur le sujet du bébé démoniaque, aucun film n’a jamais atteint la superbe du précurseur : le génial Rosemary’s Baby de Roman Polansky, et qui date quand même de 1968. Et pourtant le sujet a déjà été surexploité par l’industrie du cinéma. Autant dire que le niveau est élevé et, même si The Baby ne déroge pas à cette règle, j’éviterai donc de le comparer au chef-d’œuvre originel. Mais, au milieu de tous ces films, un genre n’avait pas encore été abordé : le found footage.
Petite aparté : j’aime beaucoup le found footage, surtout quand il est maîtrisé et exploité avec maestria comme pour les deux références du genre qui sont pour moi REC et The Bay. Mais à force d’en voir à toutes les sauces et pour tous les prétextes, est apparu un sous-genre : le « found-footage-de-gueule ». Je m’explique : à la base, ce genre est apparu pour donner une impression accrue du réel et donner de la crédibilité à des situations effrayantes. Mais dans l’immense majorité des productions actuelles, nous avons simplement l’impression qu’il permet aux réalisateurs de s’affranchir de contraintes techniques et matérielles et de simplifier leur écriture. Ajoutez à ça que la tendance est de ressortir tous les grands classiques de l’horreur pour les refaire à la sauce found footage, et vous obtenez une bonne grosse overdose. On attend quand même le jour où sortira un film de requin géant en found footage…
Bref, revenons à The Baby. Dans l’ensemble, le film n’est pas mauvais. Il se laisse même très bien regarder. Les acteurs ne méritent pas un Oscar mais ils ne s’en sortent pas trop mal. Les effets spéciaux sont assez bons. Mais l’impression générale est trop brouillonne. D’autant plus que la scène finale manque cruellement d’impact et nous laisse sur notre faim. Je vais insister en revanche sur deux points négatifs importants.
Le premier est que ce film est encore une fois un mélange d’influences mal maîtrisées. Comme c’est de plus en plus souvent le cas pour ce genre de productions, on a l’impression que le réalisateur est un amateur qui a été marqué par quelques films et cherche à nous replacer des scènes cultes dans son film. On se retrouve donc, dans The Baby, avec, en vrac : du Sinister, du Chronicle, du Rosemary’s Baby, de L’Exorciste, du Paranormal Activity, et j’en passe. Quand c’est de l’ordre de l’hommage ou que c’est discret, ça passe très bien, mais quand c’est disséminé aléatoirement un peu partout comme c’est le cas ici, c’est juste une accumulation de scènes qui ont déjà fonctionné et qu’on a repompé pour faire de l’audience. Un peu de la même manière qu’on n’a gardé que le gore et la torture du premier Saw pour en sortir une série de navets pour pré-ados…
Le deuxième gros point noir, c’est l’intrigue en elle-même. Outre certains éléments qui n’ont aucun intérêt (le chien ne sert qu’à provoquer quelques jump scares inefficaces, il est pourtant très présent tout le long du métrage, sans la moindre incidence ; l’échographie tout à fait normale qui disparait sans raison, etc.), l’intrigue ne parvient jamais à nous tenir vraiment en haleine : on devine tout à l’avance, et rien n’est jamais vraiment effrayant. Même les habituels effets de manche du genre ne fonctionnent pas. Le cinéma d’horreur nous a habitué à des codes, notamment dans le cadrage. On sait, par exemple, qu’un plan désaxé laissant entrevoir une porte à l’arrière-plan va nous faire sursauter ou frissonner avec une apparition. On s’y attend, mais on se fait quand même avoir ! … quand c’est bien fait… Ce qui n’est pas le cas ici !
Oh ! Et puis faut arrêter avec cette manie de préférer se balader dans l’obscurité avec une caméra en vision de nuit, alors que tous les interrupteurs fonctionnent dans la maison, et qu’on a entendu crier dans son sommeil… Sans blague, votre premier réflexe, quand vous entendez votre conjoint crier dans la pièce d’à côté, en vous réveillant, c’est d’allumer votre caméra, et ne voir que par son tout petit écran au lieu de tout allumer en grand dans la baraque ? Si oui, vous méritez bien ce qui va vous arriver…
Pour conclure, je dirai que The Baby n’est pas un mauvais film dans le fond, qu’il se laisse regarder mais sans jamais vraiment nous surprendre et qu’il nous laisse sur notre faim. Sachez que si vous avez vu la bande-annonce du film, il vous est inutile de le voir, les 80 autres minutes du métrage ne servant pas à grand-chose. Préférez-lui « The Bay », qui présente une lettre de moins mais tellement plus d’intérêt, ou bien le chef d’œuvre de Polansky qui n’a toujours pas pris la moindre ride en 46ans !
Pedromadaire
Note : 4/10
1 commentaire
J’ai trouvé ce film insupportable, j’ai même failli quitter la salle. Ce film ne se laisse pas regarder du tout, il n’a aucun intérêts… Je lui aurais mis 1/10!