Surpris par la qualité des courts métrages français, nous avons enfin la preuve que le genre existe bel et bien en France. Un genre pour lequel il faut se battre sans relâche pour prouver qu’il est possible d’avoir un cinéma fantastique de qualité en France. À l’image de la série française « Metal Hurlant » que le réalisateur nous a présenté avant la projection des courts métrages (une première saison disponible, une seconde à venir prochainement et une troisième en préparation).
Il faut absolument permettre la diffusion de ces jeunes talents auxquels on ne déroule jamais le tapis rouge.
Et pour leur rendre hommage, Au Cœur De L’Horreur les soutient et se doit de leur fournir un article.
Avant d’aborder les courts-métrages en compétition, relevons deux autres courts hors compétition, diffusés en début de long métrage, et qui ont retenu notre attention (on se dit d’ailleurs que la sélection n’a pas dû être évidente.)
« Silence » de Pierre-Gil Lecouvey. Deux étudiants décident de passer la nuit dans une bibliothèque et rompent ainsi la règle indispensable de ce lieu de travail, garder le silence. Un film très drôle porté par deux jeunes comédiens excellents, une image soignée et une ambiance qui arrive à jongler entre comédie et horreur. Une belle réussite.
« Fist Of Jesus » de David Munoz et Adrian Cardona. Un Jésus assez maladroit qui, dans l’optique de redonner la vie à un homme, le ressuscite en tant que mort-vivant. Ainsi soit-il, Jésus et Judas vont combattre l’épidémie à leur façon. Un film totalement barré et jouissif. Des effets spéciaux bien kitch, un humour trash assumé, 15 minutes de fous rires garantis.
Voici donc un avis sur chaque court métrage en compétition :
Je Ne Suis Pas Samuel Krohm :
Réalisateur : Sébastien Chantal
Synopsis* : Patrick Ducuir, grossiste en produits agricoles arrive dans un village étrange où tout le monde le prend pour un individu portant le nom de Samuel Krohm…
Critique : Quelle difficulté que de s’inspirer d’un des récits de Lovecraft, même si ce n’est que librement ! On ressent la passion du réalisateur mais cela ne parvient pas à nous emporter. On reste sur le bas-côté, attendant que le film se passe tant il manque de rythme. On salue tout de même la qualité de ce film d’école qui déjà tente de s’affirmer dans le genre.
Dieu Reconnaitra Les Siens :
Réalisateur : Cédric Le Men
Synopsis* : Campagne française, 1975. Une famille se prépare à passer à table pour le dîner… Ils ne savent pas encore que la Grande Purge a débuté.
Critique : Une atmosphère suave, une idée charmante, une belle image, un film simple sans intention profonde. Notons une prise de position artistique sur le silence du film. Un principal défaut, le manque d’enjeu qui nous empêche une immersion totale.
Jiminy :
Réalisateur : Arthur Môlar
Synopsis* : Dans un futur proche, la plupart des êtres humains ont « un criquet » implanté dans le cerveau : une puce électronique qui les dote de compétences physique préprogrammées.
Critique : Coup de cœur de l’équipe! Un développement très intriguant et malin. Le scénario nous séduit totalement par la satire d’une société moderne de consommation technologique. « Un criquet » qui nous déshumanise et contrôle notre vie. Et le rapprochement à l’histoire de Pinocchio nous prouve qu’il ne s’agit pas d’une problématique nouvelle puisqu’il s’agit de la conscience. L’image est soignée, on se laisse transporter par l’univers atypique. Les acteurs sont d’une belle justesse face à cet univers, notons la présence de Denis Lavant dans ce court.
Pandémie :
Réalisateur : Mathieu Naert
Synopsis* : Un ouvrier sidérurgique se fait licencier. Un matin, il découvre avec horreur qu’un bout de bois lui pousse dans le dos, comme une excroissance de son propre corps.
Critique : Là encore, il s’agit d’une jolie satire de notre société moderne face à la crise de l’emploi. Une atmosphère fantasque à l’humour un peu noir sur fond de tragédie sociale. Une petite poésie dans ce monde en dépression. La fin est un clin d’œil malin aux zombies.
Rose Or Mute Liars :
Réalisateur : Grégory Monro
Synopsis* : La petite Rose aurait pu vivre une enfance heureuse, mais pour elle ce fut l’enfer, juste l’enfer.
Critique : Une esthétique séduisante, des effets spéciaux très bien réalisés et une ambiance colorée digne des longs métrages horrifiques. Le personnage nous trouble et nous intrigue, cependant on est déçue par la facilité de comter une histoire via ce personnage du narrateur. D’autant plus qu’on anticipe de la fin.
Mecs Meufs :
Réalisateur : Liam Engle
Synopsis* : En France, les filles ne draguent jamais les mecs. Bob en a marre et rêve que les choses changent…
Critique : Petite bouffée d’air dans cette programmation. Un peu d’humour à la « un Gars, Une Fille » qui ne laisse pas l’audience insensible. Un univers fantaisiste sur un phénomène de société. « Mecs Meufs » est un film qui donne la patate.
On/Off :
Réalisateur : Thierry Lorenzi
Synopsis* : Un message vocal de son enfant, c’est tout ce qui reste à l’astronaute Meredith pour se sentir encore proche de sa famille restée si loin d’elle sur la planète Terre.
Critique : Un film d’Espace très bien filmé. Une très belle image. Le film a la chance ou la malchance d’être comparé à Gravity qui nous a tant marqué lors de sa sortie. Cependant ce court métrage se démarque par une fin émouvante et originale. Du talent c’est sûr !
*Synopsis du Paris International Fantastic Film Festival