Synopsis
Après un terrible accident de voiture, Rose est complètement défigurée mais les médecins lui administrent un traitement médical expérimental nouveau qui semble fonctionner parfaitement. Cependant, un effet secondaire inattendu se déclare : la jeune femme développe un appétit insatiable pour le sang humain.
Critique
On vous épargnera l’éternel discours du « mais pourquoi faire des remakes de films culte alors que les originaux se suffisent à eux-mêmes ? ». Personnellement, je ne suis pas contre une revisite si celle ci est intelligemment faite (ok ce n’est jamais le cas, mais l’espoir fait vivre). Et soyons franc, même si je suis un grand fan de David Cronenberg et de son film Rabid, un p’tit coup de jeune de celui-ci était plutôt le bienvenu.
Ce remake a été confié aux sœurs Soska, deux réalisatrices complètement barrées, adeptes d’effets gores et bien trashs. Elles sont connues pour leurs réalisations de séries B sans prise de tête telles qu’American Mary ou See no evil 2. Et si leurs films sont rarement de grandes réussites, je dois avouer que je prends un plaisir coupable à les regarder, ne serait-ce que pour me délecter de meurtres bien sanglants (leur marque de fabrique).
Que ce soient pour American Mary, un parti pris intéressant sur l’utilisation de la chirurgie esthétique, ou pour See no evil 2, le genre du slasher sans prétention qui nous gratifie d’une succession de meurtres divertissants, les soeurs Soska font le taff. Mais lorsque l’on s’attaque à un film d’envergure, avec un sous-texte social fort, on voit très vite les limites des deux réalisatrices…
Tout sonne faux dans ce remake de Rabid. Les comédiens sont mauvais, la mise en scène extrêmement fade et le développement scénaristique plus que simpliste. On sent que les deux réalisatrices ne font pas dans la finesse. Elles nous présentent des personnages stéréotypés à souhait et le scénario manque clairement de subtilité. Alors certes, on retrouve le péché mignon des réalisatrices, leurs meurtres trashs et souvent originaux, mais ceux-ci ne suffisent pas à limiter la casse et s’en retrouvent difficilement appréciables tant le reste est sans saveur.
Il est étonnant de constater à quel point les deux réalisatrices ont pompé des effets visuels en les reproduisant de façon totalement inefficace. C’est le cas des séquences oniriques plagiant Silent Hill ou la séquence finale s’inspirant de l’univers des jeux vidéo.
Un manque cruel d’inspiration qui se traduit par une mise en scène maladroite avec des effets visuels inefficaces et superflus. Le montage s’évertue à vouloir être original en créant des séquences avec un grand nombre de jump cuts ou d’arrêts sur image saccadés. Des effets qui nous laissent perplexe, ressemblant plus à des bugs visuels, et qui n’apportent rien au récit. Un montage laborieux est toujours symptomatique d’un récit raté.
Le début du film était pourtant prometteur. La détresse qu’exprime le personnage principal face à son reflet suite à l’accident est assez douloureuse. D’autant plus que le travail de maquillage est excellent. Le thème autour de l’esthétique, que ce soit dans la mode ou dans celui de la chirurgie aurait pu être Intéressant. Mais le thème principal du film, celui de la propagation de la rage, est traité avec beaucoup trop de légèreté, voir d’indifférence.
Je vous épargne l’énumération de toutes les scènes incohérentes et ridicules (l’opération chirurgicale en tenue culte rouge, la mise à mort d’un patient de l’hôpital par les policiers…) qui donne un aspect très kitch au film.
Pour conclure : un cruel manque d’inspiration et de subtilité assez navrant. Et si même les meurtres des réalisatrices n’arrivent pas à nous divertir, on peut décidément parler de joli raté.
55
10
NOTE
Informations
Rabid
Titre original : Rabid
Réalisation : Sylvia Soska, Jen Soska
Scénario : Sylvia Soska, Jen Soska, John Serge (film original de David Cronenberg)
Casting : Laura Vandervoort, Benjamin Hollingsworth, Ted Atherton…
Pays d’origine : Etats-Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h47
Date de sortie : 12 février 2020