Souvenez-vous les séances de courts-métrages de l’étrange, elles peuvent parfois vous pousser au bout de vos résiliences. Mais comme on est plutôt sympa (et un brin maso !), on s’est dit qu’on allait retenter l’aventure histoire de faire découvrir à nos chers lecteurs les petites pépites du genre.
Force est de constater que cette séance fut une agréable. On retiendra donc de nombreux courts-métrages qui valent le coup d’œil et présentent une originalité certaine.
Maggie May
Synopsis : Maggie May n’a rien fait. Rien du tout. Ce n’est quand même pas de sa faute si les gens viennent agoniser près d’elle.
Le concept repose sur le personnage et ses réactions, une jeune femme tellement feignasse et abrutie qu’elle laisse sa sœur crever dans le couloir pendant que les jumeaux de celle-ci encore nourrisson crient et meurent de faim. On aurait pu se laisser embarquer par l’idée si l’ambiance, tant esthétique que scénaristique, ne manquait pas un peu de caractère. Petit bonus tout de même sur cette lente agonie bien réalisée jusqu’à la décomposition du cadavre.
Metamorphosis
Synopsis : un trentenaire mène une vie morose entouré de sa mère et d’animaux morts qu’il rafistole jusqu’au jour où il prend une décision radicale.
Une mélancolie macabre et poétique, ce premier film d’animation nous a bluffé par la qualité de sa réalisation et la lente agonie de son personnage principal. À la fois triste, glauque mais aussi emplie d’espoir. L’ambiance de ce petit film d’animation est à l’image de ses personnages, physiquement repoussant, monstrueux, une routine déprimante, mais un esprit bourré de sentiments profondément humain et touchant.
Dead nature
Synopsis : un gardien de prison prêt à tout pour offrir le meilleur des derniers repas à un condamné à mort au régime alimentaire bien particulier.
Petit ovni où il est possible de retrouver des plans de nourritures et plats à l’image de Natures Mortes de grands peintres italiens ou hollandais. Le réalisateur, a-t-il été influencé par la dernière série Hannibal ? En tout cas le thème et les plans de mets nous le laisse penser. D’autant que le reste de la réalisation (en dehors des plans de nourriture juteuse) n’est pas très convaincante. Est-ce une question de moyen mal équilibré ? Bref, le thème du sérial killer cannibale et fin gourmet n’est pas nouveau, mais on apprécie de voir un cuistot lambda s’occuper du lourd menu à effectuer.
PLEASED TO EAT YOU !
Synopsis : deux naufragés décident à quelle sauce ils vont cuisiner leur ami qui vient de mourir. Le tout en chanson !
On se délecte de ce court-métrage frais et jovial, empruntant le genre de la comédie musicale sur fond de comédie anglaise. Le contraste entre l’ambiance colorée et le thème immoral est d’autant plus apprécié. Notons que les acteurs sont suffisamment bons pour vous faire passer un bon moment en leur compagnie.
tomorrow i will be dirt
Synopsis : alors que Lothar Schramm, tueur en série, se vide de son sang, il voit les images de sa propre et horrible vie défiler.
Surement le film le plus dérangeant de la sélection. Une ambiance glauque au possible, des viols de cadavres, une bite enfoncée avec des clous et j’en passe… Un film d’animation captivant, d’une violence extrême, d’une immoralité sans bornes, mais qui, sous ses airs provocateurs, apporte énormément de sens à l’esprit torturé de son personnage principal. Un regard d’une profonde tristesse, un complexe d’œdipe, une honte envers sa propre personne, envers ses crimes et ses actes malsains. Ce film ne laisse pas indifférent.
PLEINE CAMPAGNE
Synopsis : un homme inquiétant attire une jeune SDF dans sa maison délabrée en pleine campagne. Mais qui est vraiment le prédateur ?
Ce court-métrage se détache clairement du lot par la qualité de sa mise en scène et la structure maîtrisée de son scénario. On sort de l’exercice du court-métrage et on a la sensation d’être plongé dans un long-métrage réussi du genre. Doté d’un excellent casting, d’une mise en scène soignée et généreuse, d’une superbe musique, d’un travail de décoration, de lumière et de maquillage parfaits, nul doute qu’on a hâte de découvrir les prochains films de Pierre Mouchet
WHITEOUT
Synopsis : quand un jeune couple rencontre un vieil homme étrange errant dans une tempête de neige, ils doivent décider s’il a besoin de leur aide ou s’il a des intentions plus sinistres…
Concept assez sympathique au départ. On ressent assez bien le doute s’installer dans l’esprit des personnages à savoir si l’homme dehors est une menace ou non. Filmé en plan-séquence, il ne s’agit que d’un plan unique à l’arrière du véhicule pendant que nos deux protagonistes se prennent la tête. Enfin, on aurait espéré une montée en tension plus forte, des doutes plus prenants, sentir une vraie menace et surtout avoir une vraie conclusion.
A DEADLY WISH
Synopsis : une partie d’échec, une main au sol, et les dernières pensées d’un homme mourant.
Pas facile de faire parler une main sur un plan unique où peut de chose sont mobiles. Le jeu d’acteur reste convaincant si l’on considère la difficulté de l’exercice d’un court-métrage entièrement en voix off. Cependant, on prête peu d’intérêt au discours pseudo-psycho-philosophique de ce personnage face à ses propres démons personnels durant sa lente agonie. Mis à part la main, tout est numérisé, ce qui ne sert pas l’aspect intimiste qu’aurait pu avoir le film. La prise de risque vaut tout de même le détour.