Au coeur de l'horreur

Midsommar

Synopsis

« Dani et Christian sont sur le point de se séparer quand la famille de Dani est touchée par une tragédie. Attristé par le deuil de la jeune femme, Christian ne peut se résoudre à la laisser seule et l’emmène avec lui et ses amis à un festival estival qui n’a lieu qu’une fois tous les 90 ans et se déroule dans un village suédois isolé.
Mais ce qui commence comme des vacances insouciantes dans un pays où le soleil ne se couche pas va vite prendre une tournure beaucoup plus sinistre et inquiétante. »

Critique

L’année dernière, le réalisateur Ari Aster sortait son premier long-métrage “Hérédité”. Un film d’horreur de possession qui a marqué les esprits par ses choix prononcés de mise en scène, sa violence psychologique et son ambiance extrêmement oppressante. Des qualités indéniables qui ont propulsé le réalisateur dans la catégorie des nouveaux talents du genre, dans laquelle on pourrait ajouter Robert Eggers avec son film The Witch.
Ainsi, on attendait son prochain film avec impatience.
S’inspirant du folklore scandinave, Aris Aster installe son histoire dans une communauté marginale dont les rituels vont s’avérer de plus en plus extrêmes.
Avec un univers proche de certains films cultes du genre tels que The Wickerman, Ari Aster confirme son talent indéniable et un amour du genre, malgré des faiblesses de taille.

Certains thèmes sont récurrents chez nombre de réalisateurs et l’on sent, dès son deuxième film, qu’Ari Aster en a qui lui sont propres.
Dans Hérédité, la famille est bouleversée par la perte d’un de leur membre et le film évolue autour de la souffrance qui en découle. De plus, le film se concentre sur la rupture et les conflits que cette perte engendre au sein de la famille, jonglant entre un sentiment d’amour et une haine nourrie de reproches. Ces mêmes thèmes sont repris dans Midsommar. Dani apprend le décès de tous les membres de sa famille et la seule personne qui lui reste pour la soutenir n’est autre que son petit ami Christian. Un tragique évènement qui survient alors que Christian songeait à rompre avec Dani. C’est au sein de ce couple que va se développer des tensions, alimentées de lassitude et de culpabilité.
Dans Hérédité, le conflit familial avait un véritable impact sur les évènements de l’histoire, tandis que Midsommar semble utiliser la douleur de Dani et sa difficile relation avec Christian comme simple prétexte, afin de justifier un développement psychologique, difficilement crédible, et nous faire accepter la conclusion du film. 

Malgré une première partie somptueuse en termes d’ambiance et de mise en scène, le film déçoit par un traitement des personnages un peu trop simpliste, ce qui était pourtant le point fort d’Hérédité. Certaines prises de décision et réactions des personnages nous laissent dubitatifs et font perdre de la crédibilité au film. Cela est d’autant plus regrettable que le jeu des comédiens, et en particulier de l’actrice Florence Pugh, est tout simplement excellent.
Autre point négatif, le schéma narratif et le déroulement des séquences sont assez prévisibles. On anticipe la plupart des évènements et le film ne nous surprend à aucun moment si ce n’est par une violence graphique et certains rituels très troublants. 

Mais si Midsommar déçoit en parti, force est de reconnaître qu’il parvient tout de même à nous embarquer dans son univers extrêmement bien maîtrisé. Éclairé par un soleil de plomb, tout le long du film, le village est imprégné d’une ambiance oppressante et malaisante. Sous ses apparences idylliques, cette communauté cache des pratiques obscures et lascives, toutes plus dérangeantes les unes que les autres. Et même si à aucun moment le spectateur ne se laisse enjôler par cette fausse hospitalité, l’irruption des rituels n’en reste pas moins troublante et parvient à nous mettre mal à l’aise. En découle de sublimes séquences, des moments de cinéma intenses reflétant le talent d’Ari Aster. On pourrait citer comme exemple la scène d’accouplement avec Christian ou encore celle de Dani qui crie de douleur, accompagnée par les cris des femmes de la communauté qui l’entoure. 

Si la psychologie des personnages est effectivement décevante, les thèmes abordés n’en reste pas moins intéressants. Midsommar confronte sans cesse l’individualisme des personnages principaux aux valeurs communautaires du village. La conception de la mort est opposée entre les valeurs morales de notre société contemporaine et celle des sociétés païennes. Toutes les valeurs occidentales se retrouvent contestées. L’image de nos relations où subsiste le mensonge est à l’opposé de cette famille communautaire ou tout est dit explicitement, assumé, et où l’on jouit sans contraintes.
Ce n’est pas anodin si le film dure 2h30, celui-ci a des choses à raconter et prend le temps de le faire. La temporalité du film est dissoute et la dilatation du temps et de l’espace qui imprègne le récit est renforcée par une mise en scène subtile et intelligente.

Malgré quelques reproches, Midsommar à satisfait notre attente. Le réalisateur maîtrise le langage cinématographique à la perfection et parvient une nouvelle fois à s’approprier un genre de plus en plus formaté, pour lui donner du sens et de la personnalité.

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7

10

NOTE

7

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7

Informations

Midsommar Affiche

Titre original : Midsommar

Réalisation : Ari Aster

Scénario : Ari Aster

Casting : Jack Reynor, Florence Pugh, Will Poulter…

Pays d’origine : Etats-Unis

Genre : Horreur

Durée : 147 minutes

Date de sortie : 31 juillet 2019 (Cinéma)

Lien Allocine

Lien IMDB

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